Gaya Wisniewski: «Avant de dessiner, je rassemble des images, des photos trouvées dans des livres ou sur Internet.»
Après le succès de Mon bison, son premier album paru aux éditions MeMo, la très talentueuse Gaya Wisniewski, auteure et illustratrice, revient avec Chnourka, une véritable ode à l’enfance!
Nathalie Wyss: Quels sont les chemins qui vous ont menée jusqu’au livre jeunesse?
Gaya Wisniewski: J'ai grandi dans les crayons et les papiers avec deux parents artistes. J'ai toujours aimé façonner de petits livres... Cela m'a conduit à étudier l’illustration à l'Institut Saint-Luc à Bruxelles. Après douze ans comme professeure de dessin, je me suis enfin lancée dans la réalisation d'un livre jeunesse.
Comment est né Chnourka, votre dernier album paru aux éditions MeMo?
Mon éditrice a vu certains de mes dessins et m'a demandé s’ils avaient une histoire. J'avais effectivement plusieurs idées qui me trottaient dans la tête. Ça a été un long cheminement mais j'ai été épaulée par MeMo afin de créer Chnourka comme je l’imaginais.
Lorsqu’on lit cet album, on retombe aussitôt en enfance, si bien qu’on a très envie de savoir à quoi ressemblait la vôtre, d’enfance…
Faite de gâteaux en pâte à modeler, d'histoires de PLAYMOBIL®, d’installations de maisons en carton, de bricolages en tout genre, de jeux dans la rue avec mes voisins, et puis, cette innocence que j'essaye de retrouver lorsque je dessine…
Chnourka abrite une multitude de personnages, lequel vous ressemble le plus et pourquoi?
Chnourka bien sûr! Celle qui est toujours près d’un feu à boire une tasse de thé. Celle qui aime recevoir des amis chez elle, celle qui se demande comment ne pas être trop sensible aux événements qui arrivent à l'improviste, celle qui se réjouit des petites choses…
Quels sont vos techniques d’illustration?
Il y a, bien sûr, l'aquarelle, que j’applique toujours par couches rehaussées de crayons de couleur. J’ai aussi une énorme attirance pour le fusain, le noir et blanc et ses lumières, mais qui n’est pas toujours facile à imposer dans l’illustration jeunesse…
D’une manière générale, commencez-vous par écrire ou dessiner?
Tout a commencé lors d'un stage avec Joanna Concejo, c’est elle qui m'a proposé de dessiner d’abord. Elle disait «l’histoire suivra» et cela m'a débloquée! Je suis rentrée à la maison et j'ai dessiné, dessiné...
Je savais que je voulais du fusain, un bison et une petite fille. Ensuite seulement, j'ai commencé à écrire.
Pour Chnourka c'était pareil, l'histoire est venue après.
Pour le prochain par contre, toujours chez MeMo, j'ai déjà l'histoire que les dessins vont venir compléter. Pour la première fois, j'ai ce qu'on appelle un «chemin de fer».
Quel est votre environnement de travail?
Ma maison se situe en pleine nature. La première chose que je vois le matin, ce sont les collines du Gers. Pour trouver l'inspiration, il n’y a pas mieux!
Mon atelier se trouve dans une maison d’artiste, l'Espant'art à Simorre. C’est grâce au Bouche à Oreille, le café-restaurant culturel du village qui est devenu une SCIC (Société coopérative d’intérêt collectif) et qui nous a épaulés, que nous avons pu trouver un lieu de création. Nous sommes douze artistes: scénographe, luthier, photographe, brodeuse, couturière, peintre… Un endroit qui bouillonne de créativité, ce qui motive énormément!
Quels sont vos plus fortes sources d’inspiration?
Je crois que dans une ancienne vie j'ai dû être anglaise car tout m'attire là-bas: l'illustration jeunesse (Beatrix Potter), les paysages (le Devon), Londres... Je me sens à la maison en Angleterre.
A part ce gros coup de cœur, il y a les photographies de Saul Leiter, Masao Yamamoto et de Vivian Maier. Les peintures de Peter Doig, Pierre Bonnard. Les illustrations de Tove Jansson, Axel Scheffler et Chiaki Okada. Et puis, bien sûr, mes deux garçons qui sont une source d’inspiration intarissable! Plusieurs phrases de l'album Chnourka viennent de Neil, mon plus grand.
A l’automne paraîtra aux éditions L’Ecole des loisirs un roman illustré par vos soins et écrit par Caroline Solé, intitulé Akita et les grizzlys. Pouvez-vous nous parler de ce nouveau livre et de ce travail en duo?
Caroline m'a contactée suite à la parution de Mon bison qu’elle aimait beaucoup. Elle a voulu que j'illustre son histoire et j'en suis ravie car ça a été une vraie rencontre et un très beau travail de partage. Nous avions la même envie de voir cette petite Akita prendre vie dans mes aquarelles.
Avant de commencer à dessiner, je rassemble des images, des photos trouvées dans des livres ou sur Internet afin de m’inspirer. J’ai expliqué cela à Caroline qui, dans la journée, m'envoyait les premières photographies qui allaient faire naître Akita dans mon esprit. Nous aimerions très fort retravailler ensemble. Mais cette fois-ci, je lui ai demandé de me sortir de ma zone de confort car la neige, une petite fille et des animaux c'est familier pour moi...
Quels sont les albums jeunesse que vous aimez tout particulièrement?
Je suis fan de livres pop-up, notamment ceux de Louis Rigaud et Anouck Boisrobert chez Hélium, qui font partie de mes coups de cœur.
Et puis, il y a C'est toi le printemps? de Chiaki Okada et Ko Odaka, et Fuis tigre! de Gauthier David et Gaëtan Dorémus, parus tous deux chez Seuil jeunesse. Mais aussi Ursin et Ursulin de Zbynek Cernik et Alzbeta Skalova chez MeMo, La maison dans les bois d’Inga Moore chez L’Ecole des loisirs, et tant d'autres...
Sur quoi travaillez-vous en ce moment?
Sur un prochain livre à paraître chez MeMo qui me donne une grande liberté de création pour mes albums. Une rencontre nocturne avec des blaireaux m'a donné envie de dessiner, et cela tombe bien, j'avais une histoire pour eux... Sortie prévue en 2020!