Des astres

Pénélope est la fille d'une mère célibataire, belle et fantasque qui détonne dans les années 1970. Elle grandit puis vit dans son ombre, soumise volontairement et inconsciemment. Enceinte, elle voit sa relation amoureuse se terminer à cause de sa mère. Nouvelle maman, elle abandonne sa fille à cause de sa mère.
Romane est la pétulante fille adoptive d'un couple de bouchers aimants. Elle pratique l'exploration urbaine interdite, l'urbex, ce qui la défoule prodigieusement. Mais elle voudrait retrouver sa mère biologique : c'est Pénélope, qui accepte timidement de la rencontrer.
Parallèlement, Romane tombe amoureuse de Rudy. Le jeune homme devient rapidement jaloux, brutal et l'espionne dans la rue. Pour se sortir de cette emprise sordide, Romane va faire appel à Pénélope. Celle-ci va alors prendre sa place et confiance en elle.
Les dernières pages racontent les détails du décès de la mère de Pénélope, qui intervient au début du roman et donne – ou pas – quelques clés familiales... on se construit comme on peut.

Séverine Vidal construit un très beau et très âpre roman sur les filiations douloureuses, les filiations essentielles, la résilience infinie de l'être humain. Un narrateur omniscient se promène entre ces trois générations de femmes aux psychés si différentes. Pénélope et Romane se transforment au contact l'une de l'autre, subtilement mais pour le meilleur. Seule la mère et grand-mère reste impénétrable pour le pire, voguant de mensonge en méchanceté, tout du moins jusqu'aux révélations finales. Le discours indirect libre prend régulièrement le pas sur une narration classique, offrant des moments puissants, des sentiments violents. Mais jamais d'indifférence, car amour et haine sont trop proches et rien ne remplace une mère de sang ou de cœur. J'ai juste et très légèrement regretté le schématisme du couple de bouchers, compréhensifs sans nuances. Mais ils n'étaient pas partie prenante du trio de ces trois astres...