Seul(s) au monde ?

Après avoir déconstruit les stéréotypes de genre dans Truc de fille ou de garçon ? l’autrice-illustratrice traite ici des différences qui se retrouvent stigmatisées par les insultes de récréation. Couleur de peau, homoparentalité, adoption, atteintes psychiques ou physiques :  toujours par le biais de ses personnages-ronds minimalistes, Clémentine du Pontavice met en scène des situations auxquelles les jeunes enfants ne manqueront pas de s’identifier. En affrontant ensemble les moqueries, Emilie, Elzéar, Freya ou Hercule se découvriront des similarités grâce à la solidarité et au partage de leurs expériences avec leurs camarades.

L’autrice a l’intelligence d’évoquer la peur de l’inconnu, souvent à la source du rejet, proposant la discussion ouverte afin de confronter les préjugés. Toutefois, malgré le message de tolérance, un argument crée le malaise : « pourtant ils ne font pas de mal ». Bien qu’évidemment sur le fond l’autrice ait raison (aucun de ces enfants ne fait de « mal » par sa particularité), est-ce ainsi que tout un chacun désire être considéré ? Comme ne faisant pas de mal ? Si l’appréhension de notions comme le droit au respect peut s’avérer peut-être complexe pour le jeune public auquel se destine Seul(s) au monde ?, une telle simplification ne va pas sans risque, comme celui de s’avérer trop réducteur. Il serait davantage porteur de construire sur ce qui nous lie, comme l’ébauche par ailleurs l’autrice en fin de livre : tout le monde se sent différent pour une chose ou une autre et, en cela, nous sommes tous pareils.