La danse des étoiles

Qui fait ainsi danser les étoiles ? Soleil, aux longs rayons véloces. Mais d’abord, il faut trouver les étoiles. Comme dans la chanson de Charles Trenet, le soleil a un rendez-vous et, comme dans la fresque de La Danse de Matisse, les papiers découpés forment rythme et paysage que le Soleil géant parcourt.

Telle une gigantesque araignée, il enjambe les fleurs, les arbres, les collines, sourd à leurs questions et, comme eux, le lecteur s’interroge : que cherche ainsi le Soleil inquiet ? Le jeu entre parole des uns et silence de l’autre crée un suspense tendu tandis que le Soleil change subrepticement de couleur : jaune, rouge orangé, violet. Les ombres s’allongent ou prennent possession du paysage et les étoiles se lèvent.

D’un seul coup, le Soleil sort de son mutisme « où est-elle ? » s’impatiente-t-il. Le lecteur s’étonne : qui est cette « elle » ? Les étoiles ont l’air de comprendre, mais Jérémie Fischer laisse planer le doute jusqu’à la révélation. Nichée par-delà les cimes et précipices, au creux de la montagne, la belle « Lune est là, endormie ».

L’auteur – illustrateur associe écriture limpide et simplicité graphique au service de l’efficacité narrative de sorte que, si le thème n’est pas très original, il émane de cet album une poésie, une tendresse qui fait référence à d’autres textes sans en être écrasé. Bonsoir Lune, disait Margaret Wise Brown ; « Bonne nuit Lune ! » dit Jérémie Fischer et le message nous apaise.