Unique au monde : organiser, classifier, collectionner !

Unique au monde, un titre tout droit venu de l’amitié qui unira le Petit Prince et le renard de Saint-Exupéry, mais pas d’amitié ni de promesses ici, car c’est d’abord l’ouvrage lui-même qui est unique. Le titre original One of a Kind est peut-être plus représentatif de cet imagier qui explore la notion de classement, la taxinomie, pour expliquer le monde aux enfants. Enfin, le monde du plasticien Neil Packer, quelques-uns de ses goûts, de ses intérêts dans la vie, ses questions et les réponses qu’il a trouvées. Tout cela n’est relié que dans sa propre cosmogonie, et comme la dédicace du livre est accompagnée d’une explication en ce sens, même s’il s’agit d’une œuvre éminemment plastique, peut-être aussi est-ce une forme de récit de l’intime ?

L’organisation des connaissances est mise en scène dans une présentation époustouflante. Dans une palette de couleurs et un style graphique qui évoquent l’époque révolue des planches d’encyclopédie ou des catalogues de manufacture, signifiante référence au passé, le jeune lecteur s’initie, s’instruit, s’enrichit de toute cette contemplation qui fascinait les enfants d’avant les écrans. Chaque double-page s’ouvre sur un nouveau monde, mais Neil Packer n’oublie pas le petit clin d’œil-repère, Arvo sur son vélo, ou son chat Malcolm lascivement étiré en bordure.

Pas franchement de lien évident entre les différents sujets abordés, où l’on passe de l’arbre généalogique d’Arvo, personnage central de l’album, à celui de son chat ou plutôt à la carte de l’évolution des chats, ou Felidae, de la classification des outils à celle des nuages, des différents styles de peinture aux différentes sortes de fromage. Mais le fil conducteur, c’est Arvo, le jeune garçon qui arpente ce multivers du réel comme il parcourt sa ville pour rentrer chez lui. Dans une foule d’inconnus, il identifiera facilement son père, car même si nous sommes multiples, produits de multiples, nous sommes, il est vrai, tous absolument uniques. Une belle et tendre façon de conclure cette magnifique incitation à dévorer le monde.