Le jardin secret du dernier comte de Bountry

Philippe Mignon invente un monde révolu. Au début du XIX^e siècle, le comte de Bountry (jeu de mots avec le navire le Bounty) n’a plus que quelques mois à vivre. C’est toujours davantage que son fils unique, décédé lors d’une expédition au large de la Chine. En sa mémoire, le comte a passé son temps et son argent à développer un merveilleux jardin, ou plutôt trois : chinois, italien, français. Il les présente à notre narrateur, lui-même scientifique londonien appelé à l’aide pour perpétuer l’œuvre.

La visite est magique, car le fortuné aristocrate a imaginé l’environnement humain (damiers, rocades…) en même temps que la flore et… la faune. Cette dernière est particulièrement excentrique, chimères autrefois dessinées par le fils et une de ses amies, devenues vraies dans le jardin. Et c’est ainsi que le coq de fougère (très beau vert) côtoie le crapaud long-du-bec (pointu). Philippe Mignon pousse la facétie à disposer un oiseau bleu-blanc-rouge dans le jardin français !

La fin est plus triste : le comte a prévu son mausolée au milieu d’un bassin, poisson mécanique destiné à s’enfoncer au plus profond une fois qu’il sera chargé de son cercueil…

Il en sera fait comme il avait été dit, et le lecteur referme la dernière page de cet album animé tout perplexe, à l’image du narrateur. Une très belle invention, qui imite avec élégance une sorte de vérité, tant sur le fond que sur la forme.