Un dessin pour papa

Un petit format carré d’un beau jaune ensoleillé, au centre duquel se découpe un autre carré gris focalisé sur un homme. L’essentiel est contenu dans cette couverture : porte et fenêtre à barreaux, calendrier de jours barrés au mur, une souricette sur la table, un sourire aux lèvres à la lecture d’une lettre et punaisé au mur, un dessin coloré. On voit tout de suite qu’on est dans un univers carcéral typique avec gardien patibulaire dans le couloir.

Ainsi posé, le récit développe la situation de ce prisonnier d’opinion qui ne vit que grâce aux lettres envoyées par ses enfants et reçues le lundi. Le rapport entre texte et image est répétitif. La vie difficile est signifiée par le gardien qui hurle derrière la porte et le repas partagé avec la souris. Une larme sur la joue marque l’émotion et le contact se traduit par les lettres colorées des enfants qui réveillent peu à peu la cellule. Sylvain Bouton développe ainsi l’idée des liens persistants en dépit de la privation de liberté. Il chante la richesse de la vie où qu’elle soit vécue et donne une « clé » pour se libérer.

Le dessin fin, avec une certaine naïveté enfantine, cultive la simplicité et la lisibilité. On est touché par la tendresse du message, toutefois cette représentation manque un peu de complexité. Malgré l’intérêt de la thématique, le récit et son traitement risquent de renforcer dans l’esprit des jeunes lecteurs une vision stéréotypée de la prison et des problématiques associées.