Le ver vert

Deux gros yeux, un corps annelé, un ver souriant accueille le lecteur sur la couverture. Il est vert, le titre aussi, l’herbe également ; titre et dessin sont redondants. Le ver vert de Bruno Gibert est un jeu de lettres, de langage, de formes qui composent une histoire délirante et drôle.

Cela commence comme un conte « Il était un ver ». On le voit gravir le rebord d’une table, attitré par une volumineuse poire du même vert que l’animal. On imagine qu’il va attaquer la poire comme la très célèbre chenille à laquelle on pense, mais non, ce ver prend son temps il traverse la table et descend d’un improbable compotier où les fruits verts tiennent miraculeusement ensemble. A ce moment, l’auteur nous fait remarquer qu’il a « les yeux vairons » ce qui avait pu nous échapper sur la couverture puisqu’il reprend le portrait à l’identique, en majesté pourrait-on dire, puisque notre ver a envie de rencontrer le roi à Versailles ! Le cavalier qui transporte le ver opportuniste dans les sacoches de son cheval est vraiment magnifique, tout comme le garde qui l’emmène voir le roi… Le portrait de Louis XIV est digne d’une caricature et la rencontre se passe mal à cause d’une bévue du ver. Confondre le Roi Soleil et Vercingétorix n’est pas très diplomatique et peu s’en faut que le ver trépasse. Mais ce n’est pas encore son heure et Bruno Gibert poursuit son histoire et la conclut comme une fable à la morale acidulée. Pauvre ver vert !

On s’amuse beaucoup dans cet album construit sur une syllabe et une couleur. L’auteur-illustrateur nous embarque dans sa fantaisie et on y prend un plaisir extrême.