Amelia Woods (T. 1). Le Manoir de Lady Heme

Amélia Woods, jeune femme brillante, quitte le Londres de la fin du XIX^e siècle après le décès de sa mère pour aller étudier les oiseaux marins sur la côte. Elle s’installe alors dans le manoir de Lady Heme, qui semble receler de sombres secrets. La vieille dame est-elle vraiment qui elle prétend être ? Pourquoi son chat se montre-t-il si intéressé par Amélia ? Et qu’arrive-t-il à la faune locale, décimée par un terrible mal ? Amélia va vite découvrir que tous ces mystères ont davantage de lien avec elle qu’elle ne l’aurait jamais cru…

Cette bande dessinée, qui s’annonce être un diptyque, est presque trop dense pour sa longueur. De nombreuses pistes sont esquissées ici, et on se demande si nous aurons toutes les réponses que nous attendons dans la suite. Qu’à cela ne tienne, ce premier tome, à la croisée entre le scientifique et le fantastique, le gothique (pour le décor et les thématiques abordées) et le manga (pour le style), sait très bien éveiller l’intérêt du lecteur. Sa tonalité féministe ainsi que son héroïne avant-gardiste (une végétarienne en 1899, cela ne courait pas les rues) et qui n’hésite à remettre en question toutes ses croyances cartésiennes pour embrasser le surnaturel, mais aussi les visuels et la mythologie créée sont de grands atouts. On regrettera juste que cette dernière et les personnages qui l’animent ne soient pas un peu plus développés avant de passer au second tome. Toutefois, l’ambiance à la fois onirique et macabre du manoir éponyme est assez réussie pour qu’on ait envie de s’y plonger et d’y revenir malgré le sentiment que l’intrigue se déroule un peu trop rapidement sur la fin. Et les réactions de Lady Heme et Amélia face aux propos sexistes d’un invité indélicat valent à elles seules le détour.