Rue de la Mer

À l’arrêt Rue de la Mer, Milos attend le bus « en faisant un dernier selfie à cet endroit qu’il ne veut pas oublier ». Ensuite vient Marta, qui justement pense s’acheter un smartphone, puis Vincent qui s’allonge sur le banc, et encore Andrea, Imre, Esther… Tous ont une bonne raison d’être là et à chacun ses préoccupations. Tandis que le lecteur progresse dans sa lecture, l’album – conçu en format panoramique – se remplit de toute une foule enjouée et quelque peu dissipée qui, à l’arrivée du bus (hors champ), se met à courir fissa dans la même direction. Une fois passé le bus, l’arrêt est à nouveau désert : autour du banc vide, quelques objets oubliés traînent, les oiseaux sont de retour et un jeune garçon arrive en glissant nonchalamment sur sa trottinette, sans doute le premier d’une longue liste pour le prochain passage…

Avec une idée toute simple et une boîte de crayons de couleur, Anna Weber, jeune illustratrice suisse, construit un album joyeux et plein d’humour. Les détails et clins d’œil croustillants s’accumulent au fur et à mesure des entrées en scène, comme dans une pièce de théâtre. Derrière la diversité des visages et des attitudes, des pensées plus intimes émergent dans ce laps de temps suspendu à attendre l’arrivée du bus. Et une fois l’album terminé, le lecteur n’a qu’une envie : passer à nouveau les dessins en revue pour s’assurer que rien ne lui a échappé. Rue de la Mer paraît en version agrafée à l’Œuvre Suisse des Lectures pour la Jeunesse (OSL) qui s’engage à publier des ouvrages de qualité à un prix modeste. Initialement écrit en allemand, l’album est traduit en français par Sabine Dormond.