Excursion guidée en compagnie de Paul Faucher
Un compte-rendu de l’ouvrage Paul Faucher ou l'aventure du Père Castor: une révolution éditoriale, d'Anne-Catherine Faucher, Paris : Flammarion jeunesse, 2021.
Un compte-rendu de l’ouvrage Paul Faucher ou l'aventure du Père Castor: une révolution éditoriale, d'Anne-Catherine Faucher, Paris : Flammarion jeunesse, 2021.
Un exergue prévient: «Cet ouvrage, conçu comme un reportage, ne prétend pas être une biographie, une bibliographie ou un roman, mais l’analyse rigoureuse des différents aspects d’un créateur aux multiples passions.»
Et pourtant, nous suivons chronologiquement la vie de Paul Faucher, né à la toute fin du XIXe siècle… Élève brillant mais distrait, patriote fervent, il devient après la Première Guerre mondiale commis libraire chez l’éditeur Flammarion, qu’il ne quittera plus. Très vite, il grimpe les échelons et s’intéresse parallèlement à l’éducation de l’enfant. Lorsqu’il lance des projets d’édition, c’est tout naturellement qu’il crée d’abord une collection «Education», puis des albums pour la jeunesse. Dans cette veine, il aura été profondément marqué par le pédagogue tchèque Bakule, lequel avait mis, de façon révolutionnaire pour l’époque, l’enfant au centre des attentions.
Dès lors, le Père Castor («un animal voué d’instinct à la construction», p. 44) ne cessera de se développer, y compris pendant la Seconde Guerre mondiale dans un refuge limousin où sont conservées toutes les archives de l’aventure éditoriale. Elles font aujourd’hui partie du registre Mémoires du monde de l’Unesco, reconnaissance exceptionnelle pour un patrimoine jeunesse.
L’ouvrage se clôt par la concrétisation des idées de Paul Faucher en l’atelier et l’école parisiennes du Père Castor, véritables laboratoires dédiés à l’enfant. S’ensuit un index commenté des principaux collaborateurs, et une bibliographie des albums publiés par Paul Faucher entre 1931 et 1966.
La facture de l’ouvrage est donc relativement classique, avec un accent sur la philosophie du Père Castor, mais aussi une centralisation sur son créateur, quitte à en oublier le talent de ceux dont il a su s’entourer. Le Père Castor serait-il le même sans Nathalie Parain, Feodor Rojankovsky, Gerda Muller (dont il n’est pas dit un mot) et quelques autres? L’histoire est aussi celle de toute une équipe douée, dont il est trop peu parlé ici… A noter de très belles illustrations, dont certaines inédites.
* Sophie Pilaire est bibliothécaire. Elle écrit depuis de nombreuses années des chroniques pour Ricochet.