Hé, big bang ! : (personne n'a dit que c'était facile)

Big Bang, vaillant petit cheval noir, crinière au vent, est habité par tous les souffles du monde. C’est ainsi qu’on l’imagine au réveil avec une idée insaisissable en tête et des désirs soudains.
Aller au bord de la mer par exemple, partir dans les couleurs vives du matin, saluer son voisin le petit oiseau... Il parcourt le paysage à travers monts et vaux avec une fougue échevelée qui entraîne le lecteur dans son sillage, sans réelle idée du but poursuivi.

Il y a dans l’illustration de Bernardo Carvalho, une liberté, un dynamisme qui donnent le sentiment d’une force vive indéterminée, harponné par les questions lancées dans sa course par des personnages transparents, l’oiseau, « quelqu’un », un animal, loup, renard ou autre. Cet élan l’empêche de saisir les idées qui le traversent, et c’est le plus déroutant, car aux questions qui lui sont posées « pourquoi tu te presses ? », « tu n’as rien amené à lire ? », « c’est quoi cette humeur de chien ? », on le sent oppressé et mal à l’aise, incapable de répondre.

Protégé par les couleurs lumineuses enchevêtrées, il rayonne, mais à l’invitation du petit oiseau, c'est « seulement alors » que prendre le thé en silence, se poser, lui apportent la paix. Un étrange album à portée philosophique sur les idées, ce qu’elles sont, comment elles naissent. Sorte de fable, ce petit cheval invite à la méditation, riche des couleurs du monde traversé et imprimées en lui-même sans en avoir l’air.