Grand chêne

Entre documentaire et récit de vie, Grand Chêne raconte en temps long (499 ans !) la vie paisible, solidaire du sol et trépidante comme l’animation bruissante et variée des animaux de toutes tailles qui partagent sa vie d’arbre. Le texte rythmé de Danièle Ohneiser souligne le dynamisme des situations et la solidarité des règnes animal et végétal : il doit sa naissance à un écureuil surchargé ! Le texte déroule les étapes, les saisons ; l’illustration d’Héloïse Solt accompagne cette vitalité de couleurs lumineuses, soyeuses, d’un trait vif et d’une multitude d’animaux heureux, gourmands, fantaisistes. À vue d’œil l’arbre croît : d’abord vignette, puis demi-page, page entière, double page, en long, en large jusqu’au clin d’œil final. En boucle, l’écureuil à l’origine de la naissance de l’arbre abattu, ou plutôt son arrière, arrière descendant est aussi celui de la «renaissance» de l’arbre ou plutôt celle de son héritier !

Le récit respecte la chronologie: petit arbre, vingt ans plus tard, trente, Grand Chêne jusqu’à la chute 499 ans plus tard. Des petits tableaux s’incrustent dans le fil des pages, l’histoire du hibou ou des lézards à la recherche de fourmis, le sommeil doux de la famille de lapins entre les racines, le va-et-vient des cigognes soumises à la migration, autant de petites histoires que les enfants chercheront et qui dévoilent tout un panorama poétique du cycle de vie où se juxtaposent réel et fantaisie. La mort du chêne abattu, grand moment d’émotion, est mis en perspective dans le mouvement de la nature. La dimension didactique sous-jacente s’accompagne d’une confiance et d’une bonne humeur convaincantes dont l’humain est totalement exclu, vision des origines ou futur rêvé ? Quoi qu’il en soit, les autrices offrent à la lecture des enfants de belles histoires, riches en langage.