Imai : à la rescousse !

En ouvrant ce petit format à l’italienne, gai et coloré, on pourrait imaginer qu’il s’agit de l’un de ces nombreux contes destinés aux enfants, mais en s’intéressant de plus près à l’histoire, on fait une tout autre découverte!

Imai est un petit garçon qui vit avec sa famille sur une île. Son papa parti travailler en ville pour gagner de quoi bâtir peu à peu la maison, finit par avoir l’argent nécessaire pour acheter un bateau et espérer vivre de la pêche. Las ! C’est sans compter les inondations qui menacent de submerger l’île. La famille trouve refuge et nourriture grâce à la solidarité communautaire en attendant que l’assurance indemnise la famille. Mais là encore, le contrat ne répond pas aux besoins et l’assureur se défausse. C’est finalement grâce à l’aide gouvernementale, de plus en plus sollicitée de nos jours, que la famille pourra reconstruire une maison.

Cet album appartient à la série de dix titres sur Nilou et ses amis, une fresque imaginée par l’économiste Esther Duflo, Prix Nobel en 2019, et son amie l’illustratrice Cheyenne Olivier. Le sujet est complexe pour l’édition jeunesse : parler de la pauvreté avec les enfants en expliquant à partir de situations réalistes les différentes ramifications d’un phénomène social qui touche selon Oxfam un enfant sur trois dans le monde, parfois très près de nous-mêmes.

Il y est question des conséquences de l’intervention humaine sur l’environnement : la protection des arbres, les méthodes d’agriculture et l’usage de l’eau, les conséquences en chaîne des catastrophes naturelles comme dans Imai, À la rescousse ! Ou bien des questions plus sociétales : l’auto-entreprenariat, l’accès aux soins ou l’éducation et l’émancipation des filles. Le principe de la série permet d’aborder l’ensemble de ces questions qui génèrent la pauvreté, ainsi que les moyens de l’éviter ou de la combattre.

Les associations d’assistance et de prévention comme Oxfam, ou des organismes, l’Unicef ou l’Onu, informent bien sur ces problématiques, mais la diffusion des informations suppose un recours familier à l’auto-formation.

Ces albums dépassent ce préalable : ils s'adressent aux enfants, grâce aussi à l’illustration de Cheyenne Olivier, séduisante par son dynamisme, composée de figures stylisées et géométriques, colorées et expressives grâce aux mouvements suggérés, aux regards travaillés. Ils font également réfléchir les adultes qui lisent l’histoire à haute voix. Ceux-ci s’intéresseront aux pages documentaires qui l’accompagnent à la fin de l’album afin d’enrichir la discussion et la réflexion avec les enfants sur le sujet, ce qui contribue sans doute à l’objectif d’initiation à la « chose économique » bien souvent abandonnée à une minorité, ou aux programmes scolaires.

L’accès à ces questions est donc aujourd’hui facilité par cette belle initiative, travaillée tant sur le fond que sur la forme, agréable à lire et propice aux échanges : un renouvellement fertile de l’objectif documentaire sur des préoccupations actuelles et largement partagées.