Rémi Courgeon: «J’essaie d’écrire des histoires avec plusieurs couches de lecture, sucrées-salées, que l’on peut lire à tout âge.»
Rémi Courgeon est l’auteur et l’illustrateur de nombreux livres pour la jeunesse. Sa passion pour le dessin commence dès son plus jeune âge et le nourrit inlassablement depuis. Il dessine et écrit, surtout pour les enfants, avec qui il partage de beaux moments lors de ses très fréquentes rencontres en classes. Les enfants, il les aime, mais il aime les siens (trois) plus encore et noircit des tas de carnets pour eux, pour plus tard, pour après. Peintre et artiste hétéroclite, Rémi Courgeon aime l’art sous toutes ses formes et transforme tout ce qu’il touche en œuvre d’art, au jardin, comme à la plage. S’il vous croise, il fera votre portrait c’est certain et c’est tout aussi certain qu’il vous fera rire. Son dernier album, Le vieil homme et les mouettes, illustré par Rozenn Brécard et son dernier roman, Comme dans un film, illustré par Arnaud Nebbache, sont parus en 2023 aux éditions du Seuil Jeunesse.
Rémi Courgeon est l’auteur et l’illustrateur de nombreux livres pour la jeunesse. Sa passion pour le dessin commence dès son plus jeune âge et le nourrit inlassablement depuis. Il dessine et écrit, surtout pour les enfants, avec qui il partage de beaux moments lors de ses très fréquentes rencontres en classes. Les enfants, il les aime, mais il aime les siens (trois) plus encore et noircit des tas de carnets pour eux, pour plus tard, pour après. Peintre et artiste hétéroclite, Rémi Courgeon aime l’art sous toutes ses formes et transforme tout ce qu’il touche en œuvre d’art, au jardin, comme à la plage. S’il vous croise, il fera votre portrait c’est certain et c’est tout aussi certain qu’il vous fera rire. Son dernier album, Le vieil homme et les mouettes, illustré par Rozenn Brécard et son dernier roman, Comme dans un film, illustré par Arnaud Nebbache, sont parus en 2023 aux éditions du Seuil Jeunesse.
Nathalie Wyss: Avez-vous rencontré «le vieil homme aux mouettes»? Si non, comment cette histoire est-elle née?
Rémi Courgeon: Cette histoire est née lors d’une pêche aux coques sur la plage infinie et changeante de Coutainville, lieu magique, où plongent les racines flottantes de ma famille. Le vieil homme est inspiré d’un personnage réel, ami d’adolescence de mon père: Fernand Lechanteur, ingénieur surdoué, champion régional de triple saut, qui avait choisi de passer sa vie sans travailler et dont j’apercevais tous les étés la fascinante silhouette d’échassier. J’ai juste choisi d’en changer le prénom, rajouté le mont Saint-Michel, et fais ma petite tambouille d’écriveur.
Pourquoi ne pas illustrer tous vos textes?
Une envie de connaitre le frisson qu’éprouvent les éditrices quand elles reçoivent les illustrations, alors que le texte qu’elles ont confié à une illustratrice ou un illustrateur a déjà fait naître dans leur tête tout un tas d’images mentales. Une envie de partager. Depuis deux ans, j’ai vu arriver des dessins merveilleux qui rebondissaient sur mes mots: de Rozenn Brécard, Vanessa Hié et Arnaud Nebbache, dont la vision et le coup de crayon sont si différents de ma façon de faire. Quel plaisir!
Quel est le livre dont vous êtes le plus fier?
Celui que je réussirai demain. Enfin j’espère…
Qui sont vos héros préférés en littérature jeunesse, vos coups de cœur?
Madame K de Wolf Erlbruch, les foultitudes de personnages dessinés par Albertine, Émile de Vincent Cuvellier et Ronan Badel, Mon Chat de Gilles Bachelet, Gros Lapin de Delphine Durand, l’intemporel Little Nemo et tellement d’autres, notre petit monde est si riche…
Je trouve aussi que les femmes excellent dans la littérature jeunesse, et me réjouis de faire partie d’un univers professionnel non macho. J’admire Beatrice Alemagna, Ilya Green, Marie Mirgaine, Emmanuelle Houdart, Florie Saint-Val, Delphine Perret, Anouk Ricard et tant d’autres.
Les filles ont une grande place dans vos livres, pourquoi cela est-il important pour vous?
Dans ma vie, j’ai eu de la chance avec les femmes: ma grand-mère, ma mère, ma sœur, mes maîtresses d’école ont beaucoup compté dans ma petite enfance. Fortes et douces personnalités. Mes parents nous ont élevés mes deux frères et moi exactement comme ma sœur et je les en remercie. Je suis aussi beaucoup tombé amoureux; d’abord de petites filles, puis de jeunes filles, puis de femmes. Aujourd’hui, je suis merveilleusement entouré: Amoureuse, Fille, Mère, Sœur, Amies, Éditrices… Les mettre en lumière dans mes albums me semble naturel, et politique aussi: place aux filles! Enfin!
Qu’êtes-vous en train d’écrire?
Je suis toujours en train d’écrire plein de trucs. Je remplis des carnets, sans trop savoir ce qui va être publié, ni quand. La grande nouveauté des dernières années était d’écrire de petits romans. Côté albums, le prochain, dont j’assure textes et illustrations s’appelle Trop de bananes et sortira chez Milan en septembre 2024. Il s’appuie sur un projet que j’ai terminé le 28 septembre 2023: j’ai dessiné pendant un an, tous les matins au petit-déjeuner, la peau de la banane que je venais de manger. 365 dessins exposés aux Cafés Littéraires de Montélimar, au mois d’octobre 2023. Sous ma casquette «illustrateur», je travaille aussi sur un album écrit par mon amie Ghislaine Roman: Bakayé et Juliette, pour les éditions du Seuil.
Votre dernier livre, Comme dans un film, illustré par Arnaud Nebbache, parle de cinéma, comment avez-vous imaginé cette histoire? En la lisant, on perçoit un attachement particulier pour le 7e art...?
Ce texte est né de l’envie d’écrire un roman qui contiendrait plein d’histoires dans l’histoire, d’où l’idée de mettre en scène une famille passionnée de cinéma. Maman costumière, Papa décorateur, et les deux jumeaux sœur et frère qui rêvent de devenir les nouveaux frères Coen. Un moyen pour moi de recycler toutes les petites idées de vidéos que j’accumule dans mes carnets et que je ne réaliserai jamais. Mais je ne voulais pas que ce soit un roman à sketchs, et j’ai tout construit autour d’une intrigue policière. Lorsque le livre était en cours d’impression, Céline Ottenwaelter, mon éditrice du Seuil et moi, avons sursauté chacun de notre côté, en sortant de The Fabelmans, magnifique film de Spielberg proche du sujet de ce petit roman (toutes proportions gardées).
Qui vous racontait des histoires lorsque vous étiez enfant?
Ma mère, mes maîtresses d’école. J’adorais les poésies. Mon père, qui voyageait beaucoup et qui avait vécu enfant la guerre en Normandie, nous racontait des histoires vraies, vécues, palpitantes, que nous connaissions par cœur, mes frères, ma sœur et moi, et qu’on lui redemandait sans cesse. Coté humour, c’est ma grand-mère Jeanne qui a planté en moi la graine de la rigolade. Merci mamie.
Quel est l’album que vous avez le plus lu à vos enfants?
Le grand livre vert de Robert Graves et Maurice Sendak est peut-être mon préféré. Il a encore aujourd’hui un effet magique: je l’ouvre et j’ai à nouveau huit ans.
Et, écrire pour les adultes?
Jusqu’à présent je n’ai fait que de la littérature jeunesse, en ayant à cœur de ne pas ennuyer les adultes qui accompagnent les enfants dans leurs premiers pas de lecteurs. Parents, enseignants, bibliothécaires, etc. J’essaie d’écrire des histoires avec plusieurs couches de lecture, sucrées-salées, que l’on peut lire à tout âge. D’ailleurs les autrices et auteurs jeunesse que j’apprécie sont celles et ceux qui travaillent dans ce sens.
Si je devais écrire pour les adultes, j’écrirais sur le désir, la sensualité sans filtre, l’appel de la peau. Mais je ne veux pas passer par la case ado, c’est un monde littéraire qui n’est pas pour moi, à moins qu’un jour, un sujet devienne brûlant. J’aime les surprises.
Quels sont vos projets à venir?
Dans un avenir proche, manger des frites.