Envers et contre tout

Dans l’Italie de 1928, un cirque s’installe au bord d’un lac le temps d’une saison. Les trapézistes Luca et Berio, élevés par une énergique mère magicienne, s’entraînent jour après jour et risquent leur vie tous les soirs. La troupe d’artistes est divisée par ses opinions politiques, mais résiste bon gré mal gré aux contradictions du pouvoir des Chemises noires. Le rêveur Luca tombe amoureux d’une jeune photographe qui réalise alors un reportage au cirque. Il découvre très vite qu’elle est détentrice de preuves compromettantes pour le régime et qu’elle est poursuivie. Il va la cacher au péril de sa vie, de la troupe et de son lien avec Berio.

Écrit entièrement au présent, avec une écriture ascétique à rebours du thème foisonnant du cirque, volontairement avare en détails sur cette jeune photographe pourtant au cœur du drame, le roman est un instantané d’une époque. Il montre d’un côté une vie dure presque comme arriérée (alors qu’on est en Italie du nord, traditionnellement plus riche que le sud), d’un autre côté une période politique qui profite de cette misère pour s’imposer. Les sentiments sont là, profonds, peu exprimés. On pense à la « tristesse du clown » dans toute sa splendeur et l’image du trapèze en équilibre est pertinente… Je ne peux pas dire que j’ai adoré cette histoire, mais j’en reconnais la qualité littéraire indéniable.