L'écureuil et le vaste monde

Il arrive que certains jours, le monde entier semble contre nous. C’est précisément ce qu’éprouve le petit écureuil, héros de cet album, excédé de voir bourdonner autour de lui ses congénères de la forêt. Lui rêve du vaste monde dont lui a parlé le bouc. Un monde où il serait enfin libéré de la contrainte des autres, avec ses espaces infinis, ses déserts de pierres et surtout son silence. Mais en y réfléchissant bien, ce serait quand même mieux d’y être à deux dans ce vaste monde, pense l’écureuil. A deux on peut partager, contempler les pierres avec son ami le hérisson par exemple, et rire ensemble de leurs formes amusantes. Ce serait mieux aussi d’être avec l’ours pour être en sécurité sur son dos quand la nuit tombe sur ce vaste monde et fait naître des ombres inquiétantes. Et puis, les pierres c’est bien, mais avoir quelques baies à grignoter, c’est mieux. Bref, être entouré d’arbres, de fleurs et de musique, et même d’animaux, ce serait même merveilleux.

On se doute de la conclusion : ce vaste monde n’est-il pas un monde un peu fantasmé les jours de mauvaise humeur ? Et n’incarne-t-il pas plutôt notre incapacité à voir ce qu’il y a d’extraordinaire tout simplement à portée de main ? Pourquoi aller chercher à l’autre bout du monde ce que l’on possède déjà ?

L’histoire est écrite et illustrée par Sébastian Meschenmoser, auteur jeunesse allemand, qui poursuit ainsi ses aventures de l’écureuil entamées il y a déjà quelques années, traduites en France chez Minedition (sixième titre depuis L’écureuil et la très grosse noix, Minedition, 2022). On appréciera son coup de crayon foisonnant et un certain sens de l’humour (une page quasi blanche évoque ce vaste monde où « il n’y aurait rien », un gorille fessu devient rocher,…). L’album se lit agréablement et chacun y trouvera facilement matière à méditer.