Petite Mère Vaska et les oeufs de pingouin

L’illustration de couverture ne manque pas de capter le regard : cette mamie-flingueuse bien campée dans ses galoches dans l’attitude circonspecte de celle qui protège un trésor, a tout pour séduire le lecteur aventureux !

Petite Mère Vaska, quel nom plein de douceur, et quel beau paradoxe avec ce portrait réalisé par François Boucq qui n’a pas ménagé son talent pour servir le personnage imaginé par Gaëlle Perret. Inspirée par la figure multiple de Baba Yaga et des sorcières qui pimentent le paysage du conte, voici une Mamie Dalton tout droit sortie de la culture western du dessinateur. Elle protège donc quatre œufs, blottis sous sa cabane mobile sur ses pattes palmées, des prédateurs qui guettent sa moindre faiblesse pour venir les dérober. Mais Petite Mère Vaska n’a pas de faiblesses, que cette force inépuisable qui lui permet d’accomplir toutes les corvées sans fatigue et de veiller sans relâche. Qu’abritent donc ces coquilles lisses de si prometteur ? 

L’irruption d’une toute petite personne dissimulée dans un costume de lapin vient semer la pagaille dans l’univers de Petite Mère Vaska. Elle qui n’avait ni dieu ni maître est soudain soumise à la volonté péremptoire et gloutonne de cette intruse affamée. Une révolution qui fait basculer le récit : après l’éclosion des œufs et sa propre métamorphose, Vaska règne désormais sur un monde né de la magie.

Là où la ligne du conte se brise et où le lecteur peut s’égarer dans des choix fictionnels inattendus, le trait plein de force et l’illustration terre à terre d’un François Boucq désenchanteur nous tient en haleine. Jusqu’à cet incroyable portrait final d’une Vaska révélée, qui clôt ce récit plein de mystères non résolus…