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La Parole contre l’échec scolaire (La haute langue orale)

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Christian Montelle
L'Harmattan
2005

Résumé

L’enseignement est dans une impasse dont il peine à sortir. Bien que des milliards d’euros soient engloutis dans l’éducation nationale, la situation semble se dégrader d’année en année.
Christian Montelle postule, dans : La Parole contre l’échec scolaire que ces difficultés trouvent leur origine dans une omission importante : on n’enseigne pas une langue orale suffisamment soutenue à tous les enfants.

L’idée principale de cet ouvrage peut s’exprimer ainsi :
Si vous ne reconnaissez ni ne comprenez un mot en l’entendant, vous ne le comprendrez pas en le lisant.
Cela implique qu’un élève qui ne possède pas, dans sa tête, une langue orale riche de lexique et de structures est incapable de lire autre chose que des textes très sommaires ; de plus, il ne comprend qu’une infime partie de ce que ses maîtres lui transmettent. Pour que l’école redevienne démocratique et sereine, il s’avère donc indispensable de transmettre à tous les enfants ce que l’auteur nomme une "haute langue orale", la langue de la culture et de l’accession aux savoirs.
La langue est l’outil de la pensée. À langue pauvre, pensée pauvre :

• d’une part, parce que nous ne pouvons connaître rationnellement que ce que nous pouvons nommer ; la seule perception émotionnelle ne permet pas d’organiser un savoir et laisse impuissant devant le monde ;

• d’autre part, parce que penser, c’est établir des rapports entre les objets du monde et que cela requiert la maîtrise des structures grammaticales et des figures de style. Beaucoup d’enfants sont de plus en plus démunis dans ces secteurs : leur langage appauvri les stigmatise et leur interdit l’accès à l’ascenseur social que l’école devrait offrir à tous.



De plus en plus d’établissements deviennent des champs de bataille et les maîtres se désespèrent de ne pouvoir réaliser l’impossible : enseigner à des enfants démunis de l’outil indispensable à la compréhension et à l’accès aux savoirs : une langue orale de haut niveau. Quand celle-ci est en place, lire et écrire ne posent guère de problème ; par contre, si on se concentre trop précocement sur ces apprentissages, on bloque d’innombrables enfants dans des positions d’échec et de refus.



Pour l’instant, l’enseignement de la langue orale — en application de ce que préconisent les Instructions du ministère — se limite la plupart du temps à apprendre à discuter, à "tchatcher". Les enfants n’acquièrent pas un discours maîtrisé, mais se contentent d’utiliser ce qu’ils connaissent. Les élèves qui n’ont pas été "nourris de langue" lors de leur prime enfance sont voués à un échec inéluctable. On veut leur faire acquérir un "socle", mais on ne s’est pas préoccupé de bâtir l’assise de ce socle, qui est la langue intériorisée. Chaque année, des dizaines de milliers d’adolescents, sortent sans qualification de ce système, dans lequel ils ont souffert, se sont repliés sur eux-mêmes ou se sont révoltés. Leur avenir est sombre.

Afin de transmettre ce "bien entendre et grand parler", Christian Montelle propose des moyens très clairs, à la lumière de son expérience professionnelle qu’il a orientée dans ce sens tout au long de sa carrière. Cette transmission s’appuie sur la poésie, le théâtre et les textes de la tradition orale, qui sont redéfinis, car ils ont perdu leur sens au fil de la dégradation des conditions d’enseignement, et qui doivent retrouver leur puissance symbolique et leur pouvoir fondateur.



L’ouvrage aborde d’autres domaines qui interrogent l’école et les parents en ce moment : nouvelle approche de la lecture et du lexique, transmission des valeurs éthiques, esthétiques et civiques par les récits (les hommes sont faits des récits qu’ils reçoivent), rôle de l’identité narrative des objets étudiés, comme moyen de faciliter la rétention des savoirs.