Les Enfant de la colline sacrée

Madagascar. Un petit village est attaqué par une tribu ennemie. Les rares survivants, dont la jeune Nora et son meilleur ami Sahi, sont emmenés par bateau en esclavage sur l’Ile de la Réunion. Nora est domestique de maison, humiliée par ses deux petites maîtresses blanches. Sahi, sur les plantations, participe à la mise en place d’une révolte. Lorsque celle-ci éclate, les « marrons » (esclaves en fuite) se réfugient au cœur de l’île, dans les montagnes. Bientôt, c’est l’abolition de l’esclavage avec Victor Schoelcher. Voyant que les Noirs, même libres, restent dominés par les Blancs, Nora et Sahi décident de rester dans leur village des montagnes.

L’esclavage des Malgaches dans l’Océan Indien est souvent occulté par celui des Africains dans le sud des Etats-Unis. Monique Agenor répare cet oubli. Son récit est classique, bien écrit, bien documenté sur la vie quotidienne des esclaves. N’insistant pas outre-mesure sur les tortures et les mauvais traitements, il est destiné à des enfants à partir de 11 ans. L’amitié-amour de Nora et Sahi est émouvante, avec la poésie des proverbes qu’ils utilisent (« Le destin est un caméléon perché là-haut dans un arbre. Il suffit qu’un enfant siffle pour qu’il change de couleur », p. 35). On regrettera un passage trop rapide sur l’histoire de l’abolition (évidemment, nous suivons les marrons non informés dans leurs montagnes) et un manque d’ancrage historique dès le départ (à quelle époque sommes-nous exactement ? On ne le comprend qu’à la fin). Un petit dossier aurait peut-être été utile ?