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Date de publication
Age-cible

Prisonnière de la lune

Sélection des rédacteurs
Roman
à partir de 14 ans
8.50
euros

L'avis de Ricochet

La secte des Enfants de la Lune s’est installée près d’un petit village allemand où habite Marlon avec ses parents cultivateurs. A l’intérieur de l’enclos où règne Luna, représentante de la Lunité, la jeune Jana commence à se poser des questions sur sa réelle liberté. Sa meilleure amie Maria est enfermée au « pénitencier », cachot de solitude, pour avoir osé aimer Simon, son promis, avant l’heure. Jana se réfugie à la bibliothèque avec son amie Geneviève, qui a connu une autre vie et gardé une relative indépendance. Marlon et Jana se rencontrent au cours de promenades, apprennent à se connaître et s’aimer… Le jour où la petite Lili manque de mourir d’une méningite, Jana prend la fillette et s’enfuit avec l’aide de Marlon et du prêtre chrétien du village. Elle sera ainsi sauvée.

Ce roman coup de poing mérite le détour à de nombreux titres. Le thème d’abord : il aborde de front un sujet grave qui n’apparaît dans nos actualités malheureusement qu’à l’occasion d’un drame. L’organisation d’une secte est disséquée de l’intérieur de façon très réaliste, ce qui laisse supposer un travail soigneux de documentation de la part de l’auteur. La mise en place de l’histoire est également remarquable. Le lecteur suit en effet trois personnages : Marlon au-dehors, Jana et Lili au sein de la secte, et Maria dans son cachot. L’alternance est habile, et permet de montrer toutes les facettes de la situation. Jana est au cœur de l’intrigue, avec ses hésitations à basculer d’un côté ou de l’autre (« Une chaîne, pensa Jana en buvant son thé, peut orner un cou. Elle peut aussi lier pieds et mains. », p. 27). Des axiomes de la Lunité, en caractères gras, parsèment le texte comme ils doivent envahir l’esprit de la jeune fille. Les personnages sont tous soignés, même les plus insignifiants voient leurs psychologie un peu développée. Ce faisant, le roman gagne une densité et une capacité d’attraction certaines qui nous le rendent intensément sensible, quasiment palpable. Les réflexions de Maria dans sa prison sont particulièrement intéressantes, car elles permettent de mettre en parallèle la prétendue religion de Luna avec la religion catholique, présentée comme un modèle de tolérance sans prosélytisme toutefois. Le choix d’un narrateur anonyme, qui surplombe sans juger, n’est pas pour rien non plus dans la réussite de ce roman. Sobre et fort, il est à lire d’urgence ! Tout finit bien pour Jana, mais qu’en est-il des autres membres de la secte, ne peut-on s’empêcher de penser ?



Organisés en secte, les Enfants de la lune suivent des règles, de façon aveugle. Celui qui s’écarte du « droit chemin » montré par Luna (l’envoyée de la Lunité) est puni. Maria qui s’est soi-disant « égarée » récolte « trente jours de pénitencier », pour la simple raison qu’elle est tombée amoureuse… Installés dans un petit village qu’ils occupent chaque jour davantage en achetant les terres aux habitants, les Enfants de la lune s’imposent petit à petit. Un propriétaire tient bon cependant. Très obstiné le père de Marlon n’est pas prêt de céder à « ceux-là » comme il aime les appeler avec dédain. Amie de Maria, Jana a grandi au sein de la secte ; elle tient un journal où elle note toutes ses observations. Cela lui permet d’y voir un peu plus clair, de relativiser. Et cela rend aussi les personnages plus proches du lecteur. L’univers de la secte est montré dans toute sa complexité, sans être trop caricaturé.
Marlon, 17 ans, s’intéresse à Jana ; il en est même tombé amoureux. Heureux hasard, Jana est aussi attirée par le jeune villageois. Un amour impossible cependant, voire dangereux. Et puis il y a Lili, la petite Lili qui souffre terriblement d’une oreille. Les soins superficiels et inadaptés de la communauté ne lui apportent aucun apaisement. Seule solution pour Jana, s’enfuir avec Lili. Fuir, d’autres comme Maria et son amoureux Simon l’on déjà fait. Grâce à Marlon, Lili et Jana vont se retrouver libres. Ecrire son journal sans avoir à le cacher, pour Jana c’est désormais possible. Il n’y a plus Luna pour lui dire ce qu’elle doit faire et penser. Les personnages se retrouvent changés les uns par les autres. Les scènes courtes se succèdent ; le texte est ponctué de phrases imprimées en gras qui correspondent aux préceptes des Enfants de la lune. Tout concourt à rendre le roman bien rythmé, structuré, avec une pointe de suspense et une touche non négligeable de délicatesse.

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