Jacques Henri Bernardin de Saint-Pierre
Né au Havre en 1737, Bernardin de Saint-Pierre passa sa jeunesse entre les études et l'aventure maritime qui le mena à l'âge de souze ans à la Martinique, entre l'aisance et la misère. Fort de son titre de chevalier, de son savoir d'ingénieur des Ponts et Chaussées, il frappa à toutes les portes et occupa de nombreuses fonctions. Moins que ses expériences, il semble surtout accumuler durant ces années rancoeurs et ressentiments qu'il gardera toute sa vie. Nul part il ne fut reconnu et ses multiples projets de réformes ne seront jamais pris au sérieux.
La célébrité, qu'il cherche à tout prix, lui vient par la littérature. Ses admirateurs ont fait de Bernardin de Saint-Pierre l'auteur d'un seul récit, Paul et Virginie, faisant de ce texte un conte essentiellement moral. Pourtant, les Etudes de la nature, publiés entre 1784 et 1788 furent chaleureusement applaudis par les milieux antiphilosophiques. Les adversaires de encyclopédistes vurent en Bernardin de Saint-Pierre leur champion, qui
Né au Havre en 1737, Bernardin de Saint-Pierre passa sa jeunesse entre les études et l'aventure maritime qui le mena à l'âge de souze ans à la Martinique, entre l'aisance et la misère. Fort de son titre de chevalier, de son savoir d'ingénieur des Ponts et Chaussées, il frappa à toutes les portes et occupa de nombreuses fonctions. Moins que ses expériences, il semble surtout accumuler durant ces années rancoeurs et ressentiments qu'il gardera toute sa vie. Nul part il ne fut reconnu et ses multiples projets de réformes ne seront jamais pris au sérieux.
La célébrité, qu'il cherche à tout prix, lui vient par la littérature. Ses admirateurs ont fait de Bernardin de Saint-Pierre l'auteur d'un seul récit, Paul et Virginie, faisant de ce texte un conte essentiellement moral. Pourtant, les Etudes de la nature, publiés entre 1784 et 1788 furent chaleureusement applaudis par les milieux antiphilosophiques. Les adversaires de encyclopédistes vurent en Bernardin de Saint-Pierre leur champion, qui collectionna dès lors gratifications et pensions.
Paul et Virginie, publié à la fin des Etudes en 1787 remporta un large succès. Après le temps des épreuves était venu celui des honneurs. Sensible aux accents antiesclavagistes de l'oeuvre, les gouvernements révolutionnaires nommèrent l'écrivain intendant du Jardin des Plantes en 1792, professeur de morale républicaine à l'Ecole normale supérieure en l'an III, puis membre de l'Institut. Napoléon tenta également de récupérer l'écrivain, mais prudent, Bernardin de Saint-Pierre préféra gérer sa fortune et sa renommé. Il épousa la fille des imprimeurs Didot et appela ses enfants Paul et Virginie, exploitant le succès du roman en organisant une souscription pour une édition de luxe, augmentée d'un préambule inédit et illustrée par Girodet, Moreu le Jeune et Prod'hon. Bernardin de Saint-Pierre s'identifia au sage vertueux et solitaire dont il avait vehiculé l'image. Aux aventures du jeune homme s'oppose, à la fin de sa vie, un repli sur lui-même, savamment publicitaire.
Si son ambition scientifique paraît aujourd'hui illusoire, Bernardin de Saint-Pierre s'est montré un remarquable précurseur du romantisme, en particulier de Chateaubriand dont il a annoncé les thèmes et préparé la rhétorique. Il a créé un style précis et expressif, destiné à,évoquer les aspects variés du monde extérieur dans sa "magnificence singulière".