Patricia Legendre
Patricia Legendre est née à Paris, le 17 mars 1952. Après avoir obtenu son diplôme à l’ENSAD (Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs), elle se spécialise dans la gravure.
A 24 ans, elle crée une section taille-douce à l’atelier d’arts plastiques de la ville d’Etampes où elle vit désormais.
A partir de 1980, elle expose ses gravures et monotypes à Paris et en province, notamment à Orléans, Blois, Sens et Lyon.
En 1995 et 96 elle réalise plusieurs grands projets de décoration intérieure dans le cadre hospitalier : fresque à la maternité de l’hôpital d’Arpajon, fresques et décor sur bois (maternité de l’hôpital d’Etampes), restructuration de l’espace d’un hall d’accueil avec fresques au long séjour de l’hôpital d’Etampes.
En 1998 elle crée des décors et costumes avec des classes de l’école primaire d’Etrechy (Essonne) dans le cadre d’un opéra d’enfant : l’Athanor.
Elle anime des ateliers avec les maternelles et les primaires, (création de beaux livres, de peintures et de
Patricia Legendre est née à Paris, le 17 mars 1952. Après avoir obtenu son diplôme à l’ENSAD (Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs), elle se spécialise dans la gravure.
A 24 ans, elle crée une section taille-douce à l’atelier d’arts plastiques de la ville d’Etampes où elle vit désormais.
A partir de 1980, elle expose ses gravures et monotypes à Paris et en province, notamment à Orléans, Blois, Sens et Lyon.
En 1995 et 96 elle réalise plusieurs grands projets de décoration intérieure dans le cadre hospitalier : fresque à la maternité de l’hôpital d’Arpajon, fresques et décor sur bois (maternité de l’hôpital d’Etampes), restructuration de l’espace d’un hall d’accueil avec fresques au long séjour de l’hôpital d’Etampes.
En 1998 elle crée des décors et costumes avec des classes de l’école primaire d’Etrechy (Essonne) dans le cadre d’un opéra d’enfant : l’Athanor.
Elle anime des ateliers avec les maternelles et les primaires, (création de beaux livres, de peintures et de décors) ainsi que des stages sur la technique de la gravure taille-douce et de l’illustration.
Elle participe à des rencontres en bibliothèque.
Ses principaux thèmes sont issus de l’observation de la nature, des plantes et des animaux (surtout les chats) et de la représentation des objets familiers et leur environnement dans une atmosphère onirique (intérieurs de maison, objets, chats, lumières et clairs-obscurs).
Lequel de vos ouvrages a demandé le plus de travail ?
Les larmes de la forêt, paru aux éditions Hesse ; c'est un ouvrage dont les images sont en gravure sur bois. Tout de suite aptès, Férox, lui aussi en gravure a exigé près de trois mois de travail.
Quand avez-vous décidé de vous tourner vers l'illustration jeunesse ?
Cela a été progressif, je dirais, dans les années 1980.
Que vous apportent les rencontres avec les enfants ?
Je suis en prise directe avec eux, cela me permet de savoir ce qui les touche, les émeut, les interpelle. Ces rencontres déterminent par ailleurs mes illustrations…
Vous arrive-t-il de travailler sur commande ?
Pour les livres, toujours !! pour les cartes félines aussi…
Enfant, étiez-vous satisfaite des livres pour enfants que vous lisiez ?
Oui… de très bons souvenirs m'influencent toujours.
Le documentaire nécessite-t-il un savoir faire particulier ?
Oui ! Une grande curiosité, d'abord, une envie d'approfondir ses connaissances sur le sujet aussi… Il faut faire preuve d'une grande rigueur, ne pas dénaturer les informations, rester dans l'exactitude tout en ajoutant son " grain de sel ", une touche personnelles pour rendre les images originales.
Pourquoi vous être tournée vers Archimède ?
C'est une demande de l'auteur, Catherine Fauroux qui m'a conduite à travailler avec Archimède. La démarche d'Archimède ma paraît la plus valable pour faire passer des informations scientifiques - au sens de savoirs-, par le biais affectif d'une histoire.
Philippe Legendre est lui même illustrateur, vous arrive-t-il de composer ensemble ?
Nous travaillons de temps en temps à 2. ( livre de méthode de dessin), et nous dialoguons beaucoup sur notre travail respectif.
Où puisez-vous votre inspiration ?
Dans la nature…
Pour ce qui concerne les animaux, j'aime beaucoup les chats, car c'est l'animal dont la représentation est la plus poétique.
Avez-vous besoin de conditions particulières pour travailler ?
Je travaille avec de la musique classique, la radio, France Musique… en musique !
Pourquoi avoir choisi des gravures aquarellées pour Férox et Dytik ?
C'est ma technique de prédilection !Elle paraît appropriée par sa précison et son velouté qui permet de créer une ambiance.
Avez-vous des projets d'album ?
Oui, des comptines d'oiseaux, un ouvrage sur les fonds marins et un livre de technique de dessin.
Avez-vous eu envie d'écrire une histoire ?
J'ai écrit une histoire… Elle trouvera peut-être un éditeur un jour… Qui sait ! Les projets mettent parfois du temps à se réaliser !
Les 2 contes documentaires de la collection Archimède (Ecole des Loisirs), illustrés par Patricia Legendre :
Une illustration scientifique : Férox de Madagascar et Dytik, l'ogre de la mare sont de véritables documentaires scientifiques mis à la portée d'enfants sachant déjà lire, écrits par Catherine Fauroux, docteur en biologie animale. Ils sont illustrés à l'aquatinte, technique dont le procédé est expliqué sur la quatrième de couverture de Férox.
Les illustrations représentent une part importante des deux albums : Ferox : 36 pages- 15 illustrations d'une page entière et 15 encarts
Dytik : 29 pages - 19 illustrations de ¾ de page
A la fin de chaque album, 2 pages plus résolument scientifiques pour ceux qui veulent en savoir plus sur le cryptoprocte (Férox) ou le dytique bordé (Dytik) comportent des schémas réalisés par Catherine Fauroux.
Dans les deux livres, on retrouve dans les illustrations de Patricia Legendre la volonté de coller au parti résolument scientifique des schémas de Catherine Fauroux, par exemple dans celles concernant les étapes de la naissance (Dytik, pages 11 et 21) ou dans le mode de locomotion (Férox, pages 13 et 17), qu'il s'agisse du " héros " ou des animaux secondaires, les proies.
Une atmosphère de conte : Férox et Dytik sont aussi l'histoire contée de deux prédateurs vivant dans des milieux différents.
Les couleurs dominantes de Férox sont le gris, le marron, le vert foncé et le bleu nuit : celles de l'obscurité de la forêt dense et de la chasse. Elles créent d'emblée une atmosphère de silence (celui de l'affût) et de tension voire de peur (celle du prédateur). Le trait précis de la flore (lianes, baobab) nous font entrer dans l'univers cauchemardesque des proies. Celui-ci est atténué par l'harmonie dans les compositions de groupe (les makis, pages 27) et les clins d'œil ludiques (où se cache le ???? de la page 23 ? le ?????? de la page 14 ? Les encarts aident le lecteur à les trouver.
La morale de ce conte documentaire : la férocité d'un prédateur n'est pas exclusive de sa beauté. Elle peut même y participer.
Dans Dytik, l'atmosphère secrète et presqu'intemporelle de la vie cachée de la mare et de ses eaux glauques est rendue par la prédominance des vert, bleu, marron, noir.
Les habitants des mares de chez nous étant moins populaires que les animaux exotiques sauvages, les illustrations font la part belle aux gros plans (pages 22 et 23) fidèles aux schémas. On retrouve l'harmonie dans la composition (les tourniquets de la page 19 par exemple)
La chasse des proies, moins spectaculaire que dans Ferox n'en est pas moins, cependant, un moment de grande tension (page 14), compte tenu de la mise en scène des pattes du prédateur mais elle est adoucie par l'harmonique des couleurs. Ainsi, les eaux mortes de nos mares sont pleines de vie, d'action et de chasses dont le processus est illustré.
Un documentaire illustré par Patricia Legendre : Dauphin
Cet album ( Ed. Hesse, 2002), de format plus petit que les 2 autres comporte 27 pages dont 13 d'illustrations plus ou moins grandes. Celles-ci donnent d'emblée une impression de luminosité, de légèreté et de grâce. Réalisées à l'aquarelle dans les tons de bleus, verts, jaunes, estompés ou fondus, elles introduisent facilement au texte de Philippe Huet. Plus objectif que celui de Catherine Fauroux car fondé non sur un héros individualisé par un surnom mais sur un groupe d'animaux indifférenciés, il est aussi moins dramatique : d'une part parce que le dauphin nous est plus familier que le cryptoprocte et le dytique bordé et bénéficie d'une image de gentillesse et de grâce, d'autre part parce que l'acte de chasser n'est pas au centre du texte : celui-ci comporte d'importants développements sur la vie en famille, l'accouplement et la naissance, la vie en groupe et la " partie de pêche ".
Les compositions de groupe au trait précis sont nombreuses et permettent de saisir d'un seul coup d'œil l'animal sous tous ses aspects, ses faces et ses positions. Elles sont presque l'ébauche d'un dessin animé dont on perçoit d'emblée le mouvement et l'action dans un milieu de féerie aquatique.
Ces 35 contes de tous les continents sur les oiseaux ont été collectés et adaptés par Elena Balsamo. Les illustrations représentent 30 à 40% de ces 118 pages et on peut en distinguer deux types :
- celles qui figurent dans les encarts (19) apportant des précisions tirées de la mythologie, des légendes et des dictons, proverbes et croyances populaires. Le dessin est sobre, précis, presque documentaire. ( La Huppe, page 78, Le Faucon, page 24.)
- les illustrations du conte lui-même (35 dont 8 de double page). Certaines résument le conte (Pourquoi l'autruche a un long cou, page 59), d'autres, sibyllines, éveillent la curiosité du lecteur (L'origine du hibou et de la chouette, page 75, la pie et l'orvet, page 56)
Réels, les oiseaux sont dessinés avec précision (la pie, page 57), légendaires comme l'oiseau de feu (page 27), ils sont somptueux. Imaginaires, ils sont inventés avec beaucoup d'humour (page 47)
Ils peuvent être humanisés, prêts à parler, semblables aux animaux des Fables de La Fontaine : la guerre entre les oiseaux et les animaux (page 22) ou le coq et l'épervier (pages 110-111). Et nous humanisent à notre tour, suscitant rire (Pourquoi les oiseaux ne parlent pas, page 9), étonnement (La cigogne jaune, page 100-101), tendresse (le rossignol et la corneille, page 88) et nous entraînent dans un tourbillon de plumes et d'ailes (les couleurs des oiseaux, page 12).
L'illustration permet aussi d'identifier au premier coup d'œil le pays d'origine du conte. Les références à l'art et aux cultures autochtones sont nombreuses : Inde (L'origine des paons, page 50), Japon (Pourquoi le chant de la grue est triste, page 83), Chine (La cigogne jaune, page 98), Russie (D'où vient l'habit du coq, page 114).
La faune, la flore, l'habitat, les vêtements et les personnages eux-mêmes portent jusque dans leurs moindres détails la marque de leur origine et de leur culture. D'où la richesse de tous et des couleurs, la variété des tableaux, des compositions et des atmosphères qui donnent à l'ensemble de ces illustrations harmonieuses et raffinées l'attrait poétique de l'ailleurs.
Une série de 11 cartes postales (aquarelles des années 90) présentent des chats, le plus souvent assis, sur des tables, des guéridons ou des rebords de fenêtres, parfois à côté de compositions florales qui les mettent en valeur.
Animal familier par excellence qui s'intègre parfaitement dans notre quotidien à tonalité plutôt féminine (fleurs, drapés), il reste énigmatique et lointain ! Ces " portraits " nous font comprendre toute la richesse des attitudes et positions du chat, des ses humeurs aussi : presque humain dans maternité dans le grenier, il garde son mystère A l'ombre des fleurs, son intelligence et sa réserve dans Guetteursur la table ou l'attente de l'invité. Bonhomme doux et mélancolique dans un cadre dépouillé voire austère, il peut être subtil dans le décor plus sophistiqué de la composition florale et des jeux de reflets de " derrière les carreaux ".
Il y a dans ce travail un tel souci de mise en valeur individualisée qu'on ne peut douter, en effet, de la prédilection de Patricia Legendre pour les chats.
Elizabeth Paraire (Licence professionnelle Métiers des bibliothèques, de l'édition et du commerce du livre - IUT Paris) - Février 2007