3 Désordres = Disordini

Du petit matin gris, jusqu’à la nuit étoilée, des oiseaux regardent par la fenêtre chez les gens. Sous leur regard, les objets et les gens prennent forme en ribambelle, comme dans le jeu du « Marabout / Bout d'ficelle » ; la fin d’un texte commence le suivant.

Qui décrit ? Qui parle ? On ne le saura pas, mais le narrateur connaît visiblement bien les habitants. Chaque page décrit un nouveau personnage saisi par un objet, une chose qui lui appartient, le caractérise. On connaît Gina par son plaid sur le canapé. L’illustration duplique le texte à sa façon, mais elle ajoute aussi des formes et des couleurs. Elle donne du relief aux diverses scènes où les « gens » (partiellement) absents de l’image sont présents dans le texte. On surprend Nora sous la couette de son lit, tout comme le fils de Maxime. Giovanni, quant à lui, lit en slip au milieu de son salon.

Les objets ont une vie étrange, la chaise en « petite curieuse » se rapproche de la table afin de lire les secrets d'une lettre de de Jean, destinée à Billie. Celle-ci sera si belle en robe rouge pour un anniversaire. La robe à plat, comme en attente, sera complétée par une chaussure orpheline de sa jumelle.

Agnès Hostache et Maxime Gueugneau composent une succession de tableaux fluides grâce au tuilage des « strophes » (présentées en français et en italien) qui s’accrochent les unes aux autres par l’objet désigné, tandis que les images se répondent par une couleur ou une forme.

Le regard du lecteur-observateur profite de ces correspondances et de la tendresse qui émane des petites scènes quotidiennes, parfois incongrues, comme lorsqu'un pied trône sur le bureau de Jo-Wilfried. Que fait-il donc là...?

Le livre s’ouvre sur l’aube, il se referme avec la nuit. Entre les deux, il y a des rires chez Agnès, les émotions de Billie, le travail de Kim. Bref, toute la vie pliée entre les pages ! Cela contredit absolument le titre : il n’y a pas de « Désordres » mais un rythme, un enchaînement des causes et des effets qui nous entraîne d’un instant à l’autre. 

Un album joyeux et léger !