Akané : la fille écarlate

« Écoute, écoute les grands pins chevelus qui murmurent la légende de la fille écarlate. » Dans une immense forêt sur le mont Takara au Japon vivent le jeune Akio et ses parents. Le père du garçon est le gardien de la forêt. Akio aime l’accompagner durant ses rondes à travers les sous-bois. Un jour, tous trois sont réveillés par un bruit terrifiant : des machines arrachent les arbres. Les animaux fuient, le silence tombe. Alors qu’Akio inspecte les tristes dégâts, il entend un son. C’est le gémissement d’une jeune fille fiévreuse, couchée auprès d’un érable fragile. Le père et le fils l’emmènent à la maison. Malgré les soins attentifs de la famille, la santé de la fille semble empirer jusqu’à ce qu’Akio entende celle-ci appeler son érable et comprenne que sa vie est liée à celle de l’arbre.

À la fois onirique et attachant, l’album propose un magnifique conte au message écologique. Tandis que l’histoire principale se concentre sur le vécu d’Akio et d'Akané, la jeune fille, le texte s’entrecoupe de courts passages écrits en grandes lettres majuscules, que l’on imagine comme une voix hors-scène, apportant une information quant à l’évolution du petit érable. Simplicité et poésie se dosent parfaitement dans l’écriture de Marie Sellier, autrice et scénariste, pour un contenu à la fois abordable et propice à l’éveil de l’imaginaire. Un imaginaire superbement nourri par la beauté des illustrations de Minna Yu (Un palais au village), réalisées au crayon de couleur. Par-ci par-là, cachées derrière les feuillages, de petites créatures rigolotes épient Akio et ses parents. Habillés de costumes traditionnels, les personnages évoluent dans une végétation abondante et bienveillante que l’illustratrice ponctue d’étranges arbres-mains et de plantes-yeux qui réagissent émotionnellement aux événements subis. Une symbolique parlante de la vie qui coule autant dans la sève d’un arbre que dans les veines d’un humain.