Anna Karénine

Anna Arkadievna Karénine doit venir à Moscou pour essayer de sauver le mariage de son frère Stéphane Arkadievitch Oblonsky (en russe on donne toujours, après le prénom et avant le nom de famille, le patronyme dérivé du prénom du père, la terminaison « vitch » voulant dire fils de, et la terminaison « vna », fille de, d'autre part il est allègrement fait usage de diminutifs et autre petits noms, ce qui rend parfois la lecture des romans russes un peu difficile jusqu'au moment où on a enregistré tous les noms des protagonistes !). Oblonsky a une aventure avec une préceptrice française dont sa femme Dolly a eu vent. Elle ne veut plus parler à son mari et envisage de le quitter. Anna est mariée à Alexis Alexandrovitch Karénine. Sur le quai de la gare en arrivant à Moscou elle rencontre le conte Alexis Kirillovitch Vronsky, ils tombent amoureux l'un de l'autre. Le frère et la sœur commettent donc tous deux l'adultère. Stéphane, (Stiva) reviendra vers sa femme alors que Anna quittera son mari pour vivre ce fol amour avec Vronski. Dans la haute bourgeoisie de la Russie du 19ème siècle - comme d'ailleurs dans les autres pays occidentaux - les convenances et la morale font qu'il n'est pas si simple de tromper, de quitter son mari, dans l'autre sens c'est évidemment plus facile ! On peut se permettre d'avoir une liaison pourvu qu'elle soit relativement cachée.

Léon Tolstoï dépeint la bonne société russe avec finesse. Voilà un petit extrait de la version originale :

« Les gens de son monde [celui de Vronski] divisent l'humanité en deux catégories opposées. La première, tourbe insipide, sotte et surtout ridicule, s'imagine que les maris doivent être fidèles à leur femme, les jeunes filles pures, les femmes chastes, les hommes courageux, fermes et tempérants, qu'il faut élever ses enfants, gagner sa vie, payer ses dettes, et autres fariboles : c'est le vieux jeu. La seconde au contraire - le « gratin » à laquelle ils se vantent tous d'appartenir, prise l'élégance, la générosité, l'audace, la bonne humeur, s'abandonne sans vergogne à toutes ses passions et se moque du reste. »

On regrettera que des mille pages originales il ne reste dans ce classique abrégé que 230 pages. Cette version permet certes de comprendre l'histoire générale du chef d’œuvre de Tolstoï mais toute la partie historique traitant de l'agriculture, de la politique, des prémisses du communisme a été tout bonnement gommée. On se retrouve à lire un résumé presque exclusivement composé de dialogues, un résumé bien fait mais un résumé quand même. Ne reste qu'à espérer que la lecture de ce livre donnera envie d'aller voir plus loin et de se plonger avec bonheur dans l'original.