Au bonheur des lapins

Cet album plein de verdure se lit recto, puis verso. Ou l'inverse, peu importe. C'est l'histoire d'un lapin et d'un peintre, qui se partagent le même jardin. Parce que le lapin a mangé tout le persil, le peintre déclare la guerre à l'animal. Mais une poubelle renversée, un terrier inondé, un piège avec carotte ne découragent pas le petit rongeur. Il faudra poivre et piment, et même folie guerrière de l'homme, pour que le lapin s'en aille ailleurs (il ne perd pas forcément au change, puisqu'il rencontre une jolie lapine). De son côté, le peintre devrait se sentir soulagé. Il n'en est rien, puisqu'il a subitement perdu l'inspiration ! Une seule solution : faire revenir des animaux dans le terrier et le jardin, à nouveau planté de persil.

Vous l'aurez compris, nous suivons d'un côté un narrateur centré sur le lapin, de l'autre un récit focalisé sur le peintre. La colère de l'homme monte au fur et à mesure que le mammifère se sent (faussement) bien accueilli. Et ça va loin, très loin, avec un jardin finalement comme pilonné d'obus. Les dessins sont vraiment plaisants, ronds et vivants, remplis de détails. Nous rentrons dans le terrier du lapin – ah, la piscine avec les copines taupes -, nous explorons l'atelier du peintre – ah, l'arbre central et le verre cathédrale -.

Capable d'expliquer la notion de point de vue, l'album fait rire aux éclats et ravit les yeux. Et puis, vous êtes à peu près sûrs d'y trouver un petit bout de vérité, une anecdote de famille...