Ces liens qui nous séparent

Lila et Robert se sont aimés et ont eu trois filles : Emma, Mattie et Quinn. Puis ils se sont séparés dans un fracas de cris et de larmes. Chacun s'est remarié, a eu un nouvel enfant : le gentil Ray pour Lila et la douce Sasha pour Robert. Leurs chemins ont radicalement divergé ; Lila tire le diable par la queue, Robert est un homme d'affaires accompli. En commun, ils ont toutefois gardé une vieille maison à Long Island, régie par un planning de présences strict. Malgré une organisation solide et une attention incessante de leurs filles, la querelle jamais éteinte des deux divorcés continue à rejaillir sur leur entourage. Soudain tout s'accélère. Sasha et Ray déjouent la fatalité en tombant amoureux sans se connaître, les fiançailles d'Emma approchent, Mattie approfondit un secret de sa mère… et Quinn tente de réconcilier tout le monde.

Avant même de parler d'une intrigue, Ann Brashares, c'est une écriture vivante, un ton familier qui font que le lecteur adopte n'importe lequel de ses personnages, toute différence d'âge ou de niveau social abolie. Et même si le roman se centre sur la deuxième génération de la famille, notamment les jeunes Sasha et Ray, Lila et Robert sont tout sauf des figures secondaires. Ils souffrent, ils crient, ils racontent leurs souvenirs, ils projettent leurs aspirations sur leurs enfants…

Comme le titre le suggère, tout est lié, et même noué à un tel point que chacun s'autocensure inconsciemment avant de craquer tout aussi inconsciemment. Les belles apparences et réussites masquent mal les fêlures. A travers un narrateur omniscient tout en subtilité, l'auteure raconte ces douloureuses émancipations. La fin du roman nous fait vivre un drame qui hantera longuement les consciences : fallait-il en arriver là pour enfin connaître un début de paix ? La question rebondira forcément sur une ou des expériences du lecteur jeune adulte, conquis par ces héros de papier humains, trop humains… Une lecture entraînante mais aussi profonde : j'ai beaucoup aimé.