Cœur battant

Alex a dix-sept ans. Sa mère, femme instable, s’est suicidée alors qu’il était très jeune. Mais il ne commence son deuil que maintenant, violemment. Il tente donc lui-même de se suicider, en partant du principe que ceux qu’on aime vont forcément mourir et que cela ne sert à rien de vivre pour souffrir. Qualifié de « suicidant », il entre en clinique psychiatrique et intègre un groupe de doux fêlés : Victor le jeune boulimique, Colette la vieille dame élégante, Jacopo le riche dépressif, et puis Alice, la belle Alice au ton mordant.

De fil en aiguille vient l’idée d’un suicide collectif au manoir normand de Jacopo. Ils vont tous sauter d’une falaise après un bon repas. Et puisque le roman est parsemé des phrases métaphoriques de Colette, citons deux dictons enchâssés : pour le meilleur et pour le pire, ce happening définitif sera plus facile à dire qu’à faire.

Raconté par Alex, le récit rend compte de tous les dialogues de fous, de sourds, et de génie aussi qui ont lieu entre les personnages. Ceux-ci sont typés mais leurs histoires sont soignées, donc on s’attache très facilement à eux. En contrepartie, l’institution psychiatrique est souvent moquée, et on s’amuse jaune. Car Axl Cendres use d’un mélange furieux d’humour et d’émotion, de piquant ironique et de détresse profonde.

Le contraste, répété de page en page, finit par rendre le lecteur un peu nauséeux. La sensation désagréable, morbide, fait pourtant mouche. Quant au road-trip délirant vers la Normandie, il vaut vraiment la lecture et ferait presque oublier les destinées diverses des héros. Terminons peut-être par Desproges : « On peut rire de tout, mais pas avec n’importe qui ». Un très bon roman à offrir aux lecteurs avertis.