Colonie perdue (Artemis Fowl, tome 5)

Artemis Fowl est désormais à la recherche des démons, un des huit peuples des fées, exilés dans l’espace-temps et qui apparaissent de temps à autre dans notre réalité. Ces intrusions sont de plus en plus fréquentes, signe que l’île sur laquelle ils habitent est en voie de destruction et pourrait menacer l’équilibre de l’univers entier. Mais Artemis est doublé dans son enquête par une jeune française surdouée et très riche, Minerva, qui l’agace autant qu’elle l’attire. Aidé de ses alliés habituels, le centaure Foaly, le nain Mulch, la fée Holly et le garde du corps Butler (« Artemis et compagnie », comme l’auteur le dit lui-même), le jeune adolescent va une fois de plus sauver le monde.
Les ingrédients habituels de la série sont bien évidemment présents : technicité hyper-moderne (Foaly est une sorte de Q, l’inventeur génial dans les James Bond), humour (ah, les gaz intestinaux du nain Mulch…), action avec Holly, fée agent secret surentraînée. Mais si Artemis est aussi prétentieux qu’à l’accoutumée, il évolue néanmoins sensiblement dans ce cinquième tome. Plus généreux, plus attentif aux autres, notre héros ne poursuit pas uniquement un but personnel avec les démons (ses intentions ne sont d’ailleurs pas très claires). Il montre, par des gestes, quelques paroles, son attachement à Holly, à Butler dont le personnage gagne en épaisseur. Dans une situation dramatique, il va jusqu’à pleurer (p. 386) ! D’une manière générale, la psychologie des personnages, leurs relations et leurs sentiments sont plus approfondis. Artemis s’interroge également sur sa puberté (qu’il essaye comiquement de rationaliser) et l’introduction de Minerva, son double au féminin, peut éventuellement infléchir une suite. L’aventure au cœur de l’épisode, compte tenu de l’accent affectif que l’auteur a voulu donner à son texte, convainc peut-être moins. Le thème des démons est rebattu malgré le sympathique petit N° 1, souffre-douleur qui se découvre puissant sorcier, et la fin, successivement dans un gratte-ciel puis sur l’île des démons, traîne un peu en longueur et en complexité. Tome charnière, Colonie perdue n’est pas le plus réussi, mais marque la volonté de l’auteur de passer à autre chose avec sa série. Artemis sera-t-il autant attachant en adolescent sentimental qu’en peste surdouée ?