Corps de fille

Le regard des autres a changé. Il se fait plus précis, il semble scruter. Il dérange. Et le toucher devient insupportable. Pourquoi d'ailleurs faut-il à tout prix qu'il y ait ce contact obligatoire, formel, de fausse politesse ? Qu'est-ce que cela peut faire si Agathe n'aime pas qu'on la touche ? Pourquoi se met-on soudain à l'analyser de la tête aux pieds, détaillant sa tenue et son apparence comme si c’était le seul problème d'Agathe ? Et puis, si même le meilleur ami devient amoureux, si la mère n'assume toujours pas son rôle et si tout semble se fissurer, comment, simplement, rester soi-même et exister ?

A chaque scène, à chaque page, à chaque phrase, les mots de Marie Lenne-Fouquet claquent et touchent au but. Le lecteur ne peut qu'adhérer parfaitement aux ressentis de la protagoniste, qu'être d'accord avec ses désaccords et que plonger au cœur des problématiques de l'héroïne avec la même fougue et le même engouement. Ici, les émotions de l'adolescence sont en effet retranscrites avec une incroyable justesse, les mots sont choisis avec grand soin et font chaque fois mouche, et l'ensemble forme un roman parfaitement réussi sur toute la complexité du quotidien de cette période et de la difficile relation avec un corps de fille. Assurément, Corps de fille est un roman qu'il faut crucialement lire, pour ensuite vivement le conseiller.