Dans l'enfer de Dante

Denis, collégien, est attiré par une fille de sa classe, Béatrice. Placée en foyer, la jeune fille voudrait retrouver sa mère. Elle fait une tentative de suicide, tombe dans le coma, se réveille sur un lit d'hôpital. Denis va la voir tous les jours. Ensemble, ils s'enfuient vers Paris, jusque chez la mère de Béatrice.
C'est l'histoire classique de deux jeunes amoureux qui fuguent. Enfin, pas si classique que ça, puisque seul Denis est amoureux : Béatrice, en fille durcie par une enfance sans affection, l'utilise pour aller voir sa mère. La narration innove en affichant clairement son système : d'abord récit de Denis, puis de Béatrice, et enfin alternance des voix (la dernière partie : Paroles & double je), elle propose des extraits du chapitre à chacun des débuts, une annexe du voyage en Angleterre de Denis qu'il annonce lui-même... La langue est travaillée, les personnages utilisent de l'argot, des jeux de mots, de l'anglais, dans une ironie et une nonchalance qui se veulent très adolescentes : « Nos échanges épistolaires, entre la girl et moi, s'avérèrent un tantinet jobards. » (p. 14). Ils s'adressent aussi au lecteur, lui indiquant comment prononcer un mot, donnant aussi sa définition (« Pour les faibles en thème et les illettrés, donc pour la majorité, définition […]. », p. 20), soulignant des passages, écrivant des menus plein d'humour, etc. On regrettera un peu que les façons de s'exprimer de Béatrice et Denis ne soient pas davantage différenciées. Quid de la psychologie, de la tentative de suicide de l'héroïne ? Tout se passe dans les apparences, dans l'immaturité de ces deux jeunes. Réaliste en ce sens, le roman se veut aussi très littéraire. Trop peut-être, car il risque sans cesse de virer dans l'exercice de style. A apprécier par de bons lecteurs.