Dix-huit baisers plus un

Dix-sept filles et femmes donnent, à tour de rôle, leur point de vue sur Alex. Face à lui, certaines sont amoureuses, d’autres agacées, ou encore maternelles. En tout cas, ce lycéen grand, blond et pâle vit avec une mère folle, véhicule pas mal de déprime et veut souvent qu’on l’embrasse. De chapitre en chapitre, dans une chronologie déconstruite, se reconstruit l’histoire dramatique d’Alex et de sa mère. La fin pleine d’espoir, c’est le dix-huitième baiser, celui donné à un nouveau-né…
Rachel Corenblit possède une écriture tout à fait originale, expérimentale pourrait-on dire. Son roman est un défi narratif en même temps qu’un « jeu » pour le lecteur. Il n’était pas évident de varier autant des personnages, aux âges et vécus différents, ayant ou non des liens entre eux, tout en assurant une histoire globale qui, si elle est simple, a tout de même un début, une fin et une cohérence. Pourtant Dolorès succède à Joséphine, la grand-mère d’Alex précède Rose, Eugénie parle longtemps après ses camarades de classe Marie et Anne-Lise, et… le lecteur suit, mieux, vole de page en page tant il a envie d’en savoir plus. Les phrases sont courtes, le ton assez sec, factuel. Pas de faux-semblants avec cet auteur et une crudité liée au corps et au sexe, voire une certaine vulgarité, se montre souvent commune entre les témoignages : « Me faire tirer par un élève dans un sous-sol nul et puant, quel rêve ! » (p. 82, Véronique, la prof de philo). Le lecteur suit des pistes, les abandonne, se fait peu à peu ses propres opinions et son interprétation, avant le fameux chapitre où Alex prend la parole lui-même, et nous livre la vérité sur ce qui s’est passé, et dans quel ordre temporel. Le résultat est différent des codes habituels, troublant ou/et plaisant, mais ne laisse pas indifférent.

Seconde critique:

D’abord, il y a cette pomme sur la couverture qu’on a envie de croquer... "croquer la vie à pleines dents" c’est ce qu’elle nous inspire. Alors, on franchit la porte. Surprenant ! La pomme serait-elle acide ? Au fil des pages, 17 femmes et filles parleront et révèleront, non pas Adam mais Alex. A chacune d’elles correspondra un baiser porteur d’espérance ou de désillusion. Pourtant des baisers uniques dont on se souvient toute une vie. On s’attache à Alex et on croquerait bien la pomme...
Un récit original, émouvant et mélancolique malgré la crudité de certains textes et de certaines situations.