Fayotte et Nanère

Deux terribles chefs de clans se dissimulent-ils sous les surnoms peu glorieux de Fayotte et Nanère ? Non, en vérité, ces sobriquets désignent deux écoliers, une fille et un garçon qui rejouent la guerre des boutons dans leur cour de récréation.
Cet album humoristique d’Anne Loyer et Nicolas Trève joue sur l'ambiguïté entre le réel et la vie rêvée. La réalité, c’est l’école, loin de tout, tranquille. Subtil, un bus jaune pourrait servir d’indice... Nous voilà au Far West et la scène c’est la récré !

Anne Loyer s'amuse avec un langage à double fond, parallèlement aux héros qui endossent leurs rôles de méchants. Croquées par Nicolas Trève, les deux bandes sont présentées avec au centre, le ou la chef·fe et, en satellites autour d’eux, des frimousses de gamins en tous genres, à couettes, à lunettes, à casquettes, nœuds dans les cheveux ou casque aux oreilles.

Ce décor posé, les auteurs sortent le grand jeu des enfants : sur grand écran, en panoramique, les deux bandes se font face. Les visages agressifs de Fayotte et de Nanère et les encouragements de leurs supporters apparaissent en gros plan. La caméra cerne les protagonistes et c’est le choc… L'affrontement éclate dans des mots en lettres énormes, car le langage tout comme le dessin exprime le double jeu. L’autrice raconte une histoire terrible et raye ce qui connote la violence pour la ramener à une plus juste mesure. C’est ainsi que le « choc des gangs » devient le « choc des mômes », ou «  c’est le grand bazar dans le saloon » est remplacé par « c’est le grand bazar sous le préau ».

Évidemment, la cloche signe les arrêts de jeu et le shérif-maître clôt l’épisode. Le lecteur assiste à la transformation des acteurs : à gauche, sur le sable de la pampa, cow-boys et indiens ; à droite, sur le bitume gris, à l’approche de la porte de l’école, les écoliers mignons.

Un album très fûté, pour les lecteurs qui apprécient l’humour et le second degré ! Une belle introduction à la BD.