Glace

Christine Féret-Fleury n’est pas la première à créer une variation autour de La reine des neiges. Mais elle sait rendre au conte son aspect universel, sa réflexion sur l’humanité, tout en lui donnant un caractère contemporain autour d’un changement climatique imminent. Dans ce nouveau monde, les « glacés » aux capacités technologiques pointues sont les privilégiés qui échappent à la « sèche » et au Nuage de vapeurs toxiques grâce à un « bouclier ». La narratrice Sanna appartient elle aux « cramés » du sud, esclaves dans des mines de métaux rares.

Ayant perdu tous ses proches, elle va essayer de retrouver son ami Kay, qu’elle croit enlevé par les glacés. Un long voyage commence, au cours duquel elle croise les humains de trois cités « medusa » vivant dans le déni total, et des groupes de marginaux ne désespérant pas d’une vie meilleure en harmonie avec la nature. Car peu à peu, celle-ci reprend ses droits. Mais n’est-il pas trop tard pour Kay ? La « Reine », cette intelligence artificielle autonome, n’a pas dit son dernier mot.

En se centrant sur les ressentis physiques et psychologiques de son héroïne plus que sur des descriptions, des explications, l’autrice nous entraîne sur ses pas avec une impression de découverte, quand bien même la matière apocalyptique du roman n’est pas neuve. Délicat, sobre et d’autant plus inquiétant.