Il y a

« J’aurai franchi les paysages
comme un oiseau dans ses voyages
j’aurai connu la terre entière
et j’aurai vu toutes les mers »

Ce recueil de poésie publié par les éditions Motus paraît dans des conditions très particulières, puisqu’il s’agit là de poèmes composés par Jean-Claude Pirotte à destination de jeunes lecteurs juste avant sa disparition. Au travers de 44 quatrains illustrés par Didier Cros émerge le portrait d’un homme en proie à l’introspection. Des instantanés de vie s’enchaînent page après page : présent et passé s’entremêlent. L’enfant qu’a été le poète semble s’entretenir avec l’adulte qu’il est devenu, l’autrefois côtoie le présent et l’interroge. Le lecteur oscille entre nostalgie, colère ou joie. Il reçoit au passage les conseils d’un homme qui perçoit les dérives du monde moderne et qui, face au repli sur soi actuel et à l’inactivité, prône les valeurs de partage et un retour à la nature.

La structure extrêmement brève des poèmes rend d’autant plus touchant ou percutant le propos ainsi que la thématique propre à chacun d’entre eux. Les peintures de Didier Cros offrent des pauses réflexives et/ou imaginatives entre chaque poème, permettant de fait au lecteur de reprendre son souffle et de recevoir l’émotion contenue dans chaque texte.
Avec force justesse et sensibilité, au travers de ces textes, Jean-Claude Pirotte a donc livré ici à son jeune lectorat 44 variations sur la nature, l’enfance, le progrès et ses méfaits, dont la densité poétique se voit accrue du fait de leur caractère posthume.