Jean Moulin : les cent vies d'un héros

Les éditions Rue du Monde enrichissent leur collection Grands Portraits avec ce nouvel opus dédié à la figure intimidante de Jean Moulin dont on commémore en juillet 2023 les 80 ans de la disparition. Une occasion pour les enfants de découvrir ce grand résistant qui posa par ailleurs les bases du programme du Conseil National de la Résistance à l’origine de nombreuses lois sociales en France. C’est à Didier Daeninckx, écrivain engagé, auteur de romans noirs, nouvelles et essayiste, mais aussi auteur jeunesse couronné de nombreux prix, que l’éditeur a confié le soin d’écrire les textes et au grand PEF (père du célèbre Prince de Motordu), la réalisation des illustrations. Le duo avait d’ailleurs déjà travaillé ensemble pour le même éditeur avec Maudite soit la guerre publié en 2014 et Papa, pourquoi t’as voté Hitler ? en 2016.

Cette nouvelle collaboration donne ici un ouvrage extrêmement vivant qui plonge le lecteur dans un passé mêlé de bonheurs simples et de tragédie, servi par les généreuses illustrations de PEF au style toujours très expressif. Courant sur une quarantaine de pages, le récit dévoile à travers plusieurs tranches de vie, la riche personnalité de Jean Moulin, à la fois tenace, curieux, épris de justice et de liberté. On y découvre certains pans moins connus de son existence : la perte de son frère à l’âge de 8 ans, sa passion pour le dessin et ses rêves de devenir pilote d’avion, son engagement précoce dans la résistance espagnole. Celui dont l’adolescence avait déjà été marquée par la Grande Guerre, va devoir ensuite affronter la barbarie nazie : alors préfet d’Eure-et-Loir à Chartres, on le voit s’opposer au gouvernement de Vichy puis rejoindre dès le 18 juin 1940 le général de Gaulle à Londres qui le missionnera pour unifier les forces de la Résistance sur le territoire français.

Le récit est écrit à la première personne, raconté par le héros lui-même, ce qui contribue à nourrir un sentiment de proximité avec le lecteur. Il s’achève sur l’arrestation du narrateur en juin 1943 par le chef de la Gestapo lyonnaise Klaus Barbie et une dernière double page évoque le sens de sa présence aujourd’hui au Panthéon aux côtés d’autres figures qui ont combattu pour les mêmes valeurs d’humanisme et de liberté. Une partie documentaire complète enfin le récit rappelant les grandes dates de la vie de Jean Moulin et quelques focus sur la guerre pour expliquer notamment qui était Klaus Barbie surnommé «Le Boucher de Lyon». Pour une lecture plus attrayante, cette partie intègre en outre plusieurs photographies d’époque, de la jeunesse de Jean Moulin mais aussi de la guerre dont en ouverture (et stylisé sur la couverture) le célèbre portrait désormais attaché à la figure du Résistant pris par son ami d’enfance Marcel Bernard à Montpellier en mars 1940.