Je(ux) : petite anthologie

Fernando Pessoa, Je(eux). Sous le double patronage de la transformation et de la feinte, Fernando Pessoa, le poète qui parle en son nom est celui qui joue : Je /jeux, bien trouvé !

Aux jeux, certains textes empruntent leur brièveté de formulette « Trou, trou, trou, trou /Fait le hibou [….] Hibou au trou, trou, trou, trou ». Au « je », certains poèmes donnent leur gravité « Un beau midi de fin de printemps » révoque l’image d’un Christ souffrant au profit d’un enfant au jeu. Entre ces deux extrêmes, cette anthologie sélectionne des poèmes drôles et dérisoires comme ce Pacha de Bika qui se brûle les fesses ou le poète enrhumé qui a « besoin de vérité et d’aspirine». L’univers de l’enfance est présent par la variation subtile qui associe « la belle au bois dormant » et Eros et Psyché, la fée des enfants. Quelques poèmes courts encouragent à vivre libres, à voir de haut…
La traduction française est confrontée au texte original référencé et les éditions Chandeigne produisent un travail remarquable de diffusion culturelle. La postface de Joanna Cameira Gomes apporte quelques éclaircissements bienvenus.
Ce travail, enrichi par l’illustration très « portugaise » de Ghislaine Herbéra, emprunte aux azulejos ses thèmes, ses formes et ses couleurs. Le bleu un peu passé des céramiques voisine avec d’autres inspirations comme les papiers découpés, les rouge brique qui s’invitent pour créer un univers composite de masques et cache-cache.

La force de cette anthologie tient dans sa diversité stimulante. Voyages imaginaires, aphorismes, fantaisies, méditation, tout contribue à donner de Pessoa une image simple sans être simpliste. A lire et à relire, avant de poursuivre avec d’autres écrits.