La boiteuse

Aurore aime plus que tout le beau Wilfred, apprenti comédien. Elle l'héberge, elle lui passe ses absences, elle le soutient encore et encore. Jusqu'au jour où, en vacances en Ecosse, Wilfred abandonne Aurore blessée au milieu de nulle part. La jeune fille est sauvée par un couple de promeneurs, mais sa jambe ne retrouvera jamais sa souplesse. De retour à Paris, Aurore tente d'oublier, se referme sur elle-même. Mais l'histoire de Wilfred la rattrape et Aurore commence une enquête sur les secrets du jeune homme. Non pas pour se venger, mais pour comprendre…

Françoise Grard sait ménager son suspense, avec une première partie de va-et-vient entre le présent (Aurore délirant dans la lande) et le passé récent (les quelques mois d'une love story à sens unique). Puis le récit de la jeune fille se fait linéaire une fois qu'elle est rentrée à Paris. C'est un esprit aigri qui se raconte, lucide toutefois sur la situation : Aurore est concrètement boiteuse, Wilfred lui a pris tout son argent, elle n'a plus d'envies d'études ou de travail.

La rencontre inattendue avec un autre homme plus âgé, « l’aide » amicale de la troupe de théâtre sonnent alors de façon un peu étrange, comme forcée. Et l'intérêt du roman s'en ressent, de même que la quête en Ecosse laisse soupçonner dès le départ une explication décevante. J'en ai retenu l'idée d'un thriller inachevé, et une philosophie amère de l'amour : Aurore ne cesse de s'aveugler, Wilfred est un minable qui ne sait pas réagir. Un drôle de roman très bien écrit, mais aux ressorts à mon goût mal ajustés.