La cabane aux trois sapins

Une belle journée d’été à occuper, une grande maison de vacances, une petite troupe de cinq enfants de tous âges, des jeux à inventer : tous les ingrédients sont réunis pour se raconter des histoires. Baba, assisté de Constance, Paul, Claude et Gabrielle, le clan des cinq – clin d’oeil à l’ancestrale troupe d’Enid Blyton peut-être – ne manque pas d’imagination. Il a justement entendu dire que dans la cabane aux trois sapins vit « un monstre féroce ».

Sans hésiter, le petit groupe prend la résolution de chasser ce monstre. Dans un large mouvement de troupe, au milieu d’un paysage chatoyant de fleurs, aux couleurs vibrantes, baigné de lumière et s’animant de fortes ombres portées, nous suivons son équipée. À grands traits vifs et colorés, l’illustratrice Lili Wood traduit l’allégresse des enfants. Or subrepticement, les tons s’assombrissent. De même, le récit d’Élodie Levacher s’emplit d’un vocabulaire qui suscite l’inquiétude. Baba raconte la Bête et prévient la petite troupe : « Le monstre a faim ! » La peur s’installe et peu à peu, l’emprise de Baba s’accroît sur ses camarades au point de les transformer en Terreurs…

Seule une des protagonistes, Constance, n’a pas peur et dans son refus de s’aligner sur les autres devient une sorte de bouc émissaire. Le clan des cinq a éclaté. L’histoire se poursuit au rythme soutenu des paroles de chansons que les enfants entonnent pour se donner courage et de leurs voix vibrantes qui s’écrient « à bas la Bête ! ». L’illustration devient ombre et lumière, rouge, or et noir… Texte et images créent une sorte de grand mouvement musical qui s’apaise finalement dans les teintes roses du dernier tableau. Mais peut-être faut-il se méfier de ce retour au calme ?

Un album palpitant, pour jouer à se faire peur, allègrement riche en potentiels de discussion et en ouvertures sur des thèmes délicats.