La fourmi rouge

« Je nais avec un ptosis. Ce qui est déjà pas mal. On peut ajouter à ceci des genoux cagneux, des cheveux filasses ni bruns ni blonds. Je suis faite comme un mec, le léger détail du pénis mis à part ». Côté hobbies, Vania joue de l'hélicon, lit Milan Kundera et fabrique des modèles réduits pour rejouer les scènes importantes de sa vie. Ses amis se comptent sur les doigts d'une main : Pirach son confident de toujours et, plus récemment, Victoire, une fille canon mais qui « schlingue même grave sa race le poisson pourri ». Depuis que sa mère est partie, sans préavis, se réaliser à Paris, Vania habite avec Gottfried, son paternel taxidermiste. Une lettre anonyme faisant l'apologie des fourmis rouges (minuscules et invincibles) touche l'adolescente, plutôt fourmi noire, - qui se contente de suivre en passant inaperçue - en plein coeur…

Vania excelle dans l'autodérision, arme efficace et redoutable qu'elle partage avec ses deux meilleurs amis, mais qui se révèle inutile face aux humiliations répétées de Charlotte, son ennemie de toujours. Poussée dans ses derniers retranchements, l'héroïne est placée devant un cruel dilemme : être ou disparaître. L'adolescente « qui ne veut plus se laisser pisser dessus par le destin » finit par renaître en acceptant de faire face à la réalité plutôt que de continuer à fantasmer sa vie. Aidée par son père (un personnage hors norme) et Abraham (un vieillard étonnant), elle réussit à quitter la colonie des fourmis noires (insignifiantes) pour rejoindre celle des fourmis rouges (résistantes à tout). Un roman intimiste, bourré de gros mots, d'humour et d'humanité, qui réserve des surprises à tous les chapitres. Une bombe anti-déprime qui a gagné L'Etoile du Parisien du roman jeunesse.