La Malédiction de Jack L'Eventreur

Arthur, le petit frère de Luc, fait des cauchemars : un homme mystérieux nommé Jack veut l’enlever, le tuer. Alertée, leur mère Juliet les emmène à Londres, chez son propre père, Sir Treachery. Ce chercheur leur dévoile la malédiction familiale : ils sont les descendants de Jack L’Eventreur, qui avait confié son fils au premier Treachery et qui cherche à se venger de ce qu’il considère désormais comme une trahison : chaque descendant mâle est kidnappé à travers les âges. Grâce à une machine à remonter le temps réalisé sur le modèle de celle de H.G. Wells, la dernière génération va tenter de briser le cercle infernal.
En préface, Sylviane Doise explique pourquoi elle a écrit ce livre : réflexion sur le Bien et le Mal, il veut s’interroger sur ce qui peut nous pousser à commettre l’irréparable… Une ambition certaine, enveloppée dans une histoire à suspense qui joue avec nos références littéraires et historiques, invitant Wells lui-même en tant que personnage, citant Sherlock Holmes et se raccrochant évidemment au Dr Jekyll et Mr Hyde de Stevenson. Le XIXième siècle londonien est reconstitué dans ses lignes évidentes : misère des bas quartiers, goût du spiritisme, progrès de la médecine… L’intrigue est prenante, bien rythmée avec des dévoilements progressifs et des fins de chapitres travaillées, et on passe ainsi sur ses côtés un peu abracadabrants et excessifs. Un narrateur externe centré sur Luc nous promène entre les époques, posant à bon escient les jalons de la réflexion première de l’auteur (« Existe-t-il un gène du mal ? », p. 43, « Je dis que Jack est méchant parce qu’il est malheureux. », p. 59). Quid alors de la réponse à cette grande question philosophique ? Evidemment, elle n’est pas donnée, même si Sylviane Doise pencherait plutôt du côté de l’explication psychanalytique : secrets de famille et enfance conditionnent plus ou moins notre vie entière, et nous entraînent à nous comporter de telle ou telle façon. Un premier roman inventif, qui se disperse un peu en jouant sur plusieurs tableaux à la fois, mais qui reste une lecture bien agréable.