La nuit des Quintanelles

1685. Louis XIV révoque l’Edit de Nantes, qui assurait la liberté religieuse dans tout le royaume. Jeanne et sa famille sabotiers pauvres dans le Sud de la France, continuent avec bien d’autres à exercer la religion protestante en secret. Chaque rassemblement est dangereux ; les Dragons du roi sont impitoyables. C’est par une nuit de prières que Jeanne rencontre Samuel, fils du comte des Quintanelles. Ils tombent amoureux, promettent de s’épouser. Mais une répression sanglante dans le petit village de Jeanne bouleverse leur destin.
La jeune fille perd toute sa famille sauf Geoffroy, l’apprenti qui s’intéressait aussi à elle. Quant à Samuel, il est en partance pour les galères. Jeanne devient alors servante chez le comte des Quintanelles qui n’était pas au courant du projet de mariage. Un peu plus tard, un envoyé du roi demande à être hébergé pour la nuit ; il est en mission pour récupérer l’argent des huguenots. Le lendemain matin, il est retrouvé mort.

Après une première partie dramatique –le massacre des villageois-, Pascal Perrier offre un deuxième temps aux accents de roman policier, quoique éclipsé par le sacrifice d’un des personnages. De fait, la fin aura autant le goût de la joie que de l’amertume. Nous retrouvons cette âpreté dans les paysages, dans la dureté d’une vie de subsistance, dans la quête même d’une religion exigeante (voir le prédicant François Vivens).
L’auteure rend avec naturel cette époque troublée de véritables guerres civiles, glissant des détails historiques dans une fiction romancée. Les femmes jouent de beaux rôles : Jeanne et la comtesse, sans doute plus fines que les hommes, excellent dans l’art de vivre leur foi et de défendre leurs proches sans se faire prendre. C’est la valeur ajoutée de l’ouvrage, par ailleurs raconté avec toute la distance d’un narrateur externe qui rend compte. Comme suggéré en postface, au lecteur de comparer avec les situations actuelles de certains pays dans le monde…