La petite poule qui volait des perles

Dans sa jolie boutique, Peacock crée des merveilles avec les milliers de perles brillantes qu’il stocke précieusement dans des bocaux de verre, entreposés sur des étagères. Ses pièces rencontrent un fier succès auprès des habitants. Comme l’artisan peine à combler la demande, il se décide à recruter un assistant. À peine son annonce posée voilà qu’une petite poule grise lui chuchote ses services. Peacock hésite, car la petite poule lui paraît bien terne et poussiéreuse, mais il finit par accepter. La petite poule déborde de joie, cela faisait longtemps qu’elle épiait la vitrine avec admiration. Passer ses journées à toucher et à travailler les perles chatoyantes lui semble une occasion inespérée. Mais un jour, alors qu’elle balaie l’atelier et ramasse une perle tombée sur le sol, au lieu de ranger cette dernière dans un bocal, elle décide de cacher la perle dans son plumage. Bientôt, la petite poule devient de plus en plus gourmande et se met à voler sans retenue... Lorsque le prince sollicite la dextérité de Peacock pour réparer sa couronne, la petite poule subtilisera le joyau royal en faisant croire à un cambriolage. Quand elle réalise l’ampleur de ses actions, l’excitation fait place au regret : qu’a-t-elle fait? Et surtout, comment peut-elle réparer sa bêtise ?

Une histoire de l’illustrateur à succès Axel Scheffler, connu notamment pour sa collaboration fructueuse avec l’autrice Julia Donaldson (dont le bien-aimé Gruffalo) ou pour sa série de livres Pip and Posy, qui met en scène l’appât de la convoitise, bien que le mésaventure que vit la petite héroïne et la leçon qu’elle en tirera s’appliquent plus largement aux erreurs que nous pourrions commettre. Non seulement la petite poule réparera elle-même la couronne princière grâce à ses nouvelles compétences de broderie, mais elle osera aussi avouer ses vols à Peacock en acceptant le risque qu’il la congédie. La poulette repentie sera récompensée pour son courage grâce à l’intervention magique de la lune... et à la manière du vilain petit canard qui se découvre cygne, se transformera en une belle pintade, « une poule au plumage perlé », la traduction du mot allemand Perlhuhn.
Du côté illustratif c’est toujours avec plaisir que l’on retrouve l’univers pictural d’Axel Scheffler, son style joyeusement naïf et ses personnages attachants aux visages expressifs. Alors que les vignettes peuvent aisément s’ancrer dans le présent, l’illustrateur y mêle des détails un brin vieillots comme le singe doté d’une coiffe en coton à l’ancienne, voire même merveilleux, comme la charrette tirée par une licorne. Cet équilibre savamment dosé de justesse et de poésie se retrouve dans la narration. Avec finesse et humour – sa marque de fabrique – Axel Scheffler distille une sagesse qui fait grandir dans une histoire tout simplement chouette à lire.