La seizième clé

Oswald vit entouré de domestiques dans un manoir isolé sur une île. Il passe ses journées à développer son don pour la poésie. Chaque année, à l’occasion de son anniversaire, on lui remet une clé permettant d’ouvrir une mystérieuse porte débouchant sur un couloir, au bout duquel le garçon n’est jamais parvenu à se rendre. Mais alors qu’il s’apprête à recevoir sa seizième clé, des événements étranges bousculent son quotidien et pour cause : une jeune fille, Zelah, déboule dans sa chambre et lui apprend qu’il n’est pas le seul à avoir grandi dans ce manoir et que toute sa vie n’est qu’une vaste machination ! Les deux adolescents vont alors tenter de percer le mystère qui entoure leur existence et s’échapper de l’île…

Cette intrigue paraît simple au premier abord, mais que nenni ! Eric Senabre nous propose un mystère prenant et des histoires de distorsions spatio-temporelles intrigantes, mais gare à la perte d’attention passagère. Les notions exposées peuvent se révéler un peu compliquées (même si l’auteur les explique bien), et le roman prend parfois une tournure philosophique et métaphysique qui peut dérouter. Mais cela n’empêche absolument pas de prendre un grand plaisir à lire cet ouvrage intelligent et plein d’humour, notamment aussi grâce aux références savoureuses qui y sont glissées çà et là (par exemple aux sonnets de Shakespeare ou au chat de Schrödinger) et au personnage d’Oswald, qui, au début du roman n’est pas particulièrement crédible ni sympathique, mais qu’on apprécie de plus en plus au fil des pages. On en vient d’ailleurs à regretter que sa poésie soit écrite dans un langage inventé, car les créations de son cru citées en français sont très jolies (de mêmes que celles qu’il emprunte à ses collègues hors de la fiction, comme Alfred de Vigny ou René-François Sully Prudhomme). La résolution se déroule un peu rapidement, mais la toute fin est très satisfaisante (et, pour les fans, aura un petit goût de Doctor Who assez amusant). Un univers science-fictionnel dans lequel on se plonge avec délice, et qui fait tourner le cerveau à plein régime !