L'Apache aux yeux bleus

Herman Lehman vit avec sa famille dans l’Amérique des pionniers de la fin du XIXe siècle. Petit garçon malicieux, il est amateur de bêtises, une « tête de pioche » comme dit sa mère. Un jour, un groupe d’Apaches l’enlève et l’emmène loin de la ferme. Rabroué, testé, il devient enfin le fils adoptif du chef, puis un véritable guerrier. Peu à peu, Herman, rebaptisé en En Da (« garçon blanc ») oublie ses origines, jusqu’à revendiquer les droits des Indiens face à une colonisation de plus en plus violente.

Construite en deux temps, l’histoire aborde d’abord l’enlèvement et l’accoutumance à une autre culture (prétexte aussi à la découvrir) puis traite longuement des difficiles relations avec les Blancs avant d’opérer le curieux retour d’Herman-En Da chez les siens qui l’ont attendu pendant neuf ans. Trait d’union sans le vouloir entre les peuples, on peut supposer qu’il contribuera durant sa vie à un (vain) effort de tolérance. C’est une histoire vraie, seulement romancée à partir d’autres faits de l’époque, prouvés eux aussi.

L’Apache aux yeux bleus n’est pas le seul roman jeunesse à traiter de cette lourde thématique de la Frontière, actualisable à d’autres régions de la planète par bien des aspects. Mais il a pour lui un classicisme soigné, mis au goût du jour avec ce découpage insistant sur un aller et un retour entre deux mondes. Ecriture épurée et intuitive de Christel Mouchard, belle couverture de François Roca : le charme un peu dramatique du livre opère.

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