L'auto de Roberto

Roberto est un petit garçon. Son nez pointu et sa mèche fine lui donnent un air mutin et joyeux. Qu’est-ce qui le rend si heureux ? « Aujourd’hui, Roberto va s’acheter une auto. Une belle, une grande, une qui fait Vraoum ! pour de vrai ». Tout le jeu est dans ce « pour de vrai » pris au pied de la lettre. Lorsqu’il va chez le marchand de voiture, il ressort avec « la voiture de son cœur : une décapotable ». Tout naturellement, Roberto part au volant et il paie « avec sa carte magique. Celle qui paie tout ». Les deux clés du bonheur de cet album sont contenues dans cette combinaison d’impossibilités (avoir une vraie voiture et posséder une carte de paiement) aplanies sans aucune difficulté. Sur le thème classique du renversement des rôles, les rêves les plus fous de l’enfant (conduire ses père et mère, susciter la jalousie des uns et des autres, sans être inquiété par la police) s’accomplissent sans effort.

Cette fluidité du récit sans accroc est complétée par l’ambiance colorée et stylisée de l’illustration. Les longues voitures qui filent, les arbres qui se courbent à l’arrière de la voiture parce qu’elle roule vite et la complaisance souriante des adultes qui trouvent tout cela normal décrivent un univers de bonheur absolu.

La bienveillance unanime des adultes envers les désirs et la conduite de Roberto renforce le sentiment de légèreté. Tous les enfants adoreraient vivre une telle aventure. Argent et voiture comme marques de pouvoir sur le monde, capacité de conduire et de décider de sa vie, toute la mentalité enfantine, la vitalité des enfants et leur désir de grandir se résument dans cette affabulation heureuse. « Si seulement c’était vrai » se diront bien des petits garçons !