Le Choix de Giovanna

Bruges, 1432. La jeune Giovanna Cenami vit tranquillement avec son père, riche marchand veuf. Lors d’une fête au palais du Duc de Bourgogne, elle croise un jeune troubadour et tombe amoureuse. Au même moment, son père, subitement ruiné par un clan rival, les Grimaldi, décide de marier Giovanna au seigneur Arnolfini. Giovanna, désespérée, va chercher à s’enfuir avec le chanteur, qui s’avère être un membre de la famille Grimaldi…
La nouvelle collection de Nathan, A la rencontre de… se propose de faire découvrir des œuvres picturales célèbres à travers un roman. Il s’agit ici du Portrait des époux Arnolfini de Jan Van Eyck. Si l’histoire est totalement fictive, l’auteur prend soin, avec beaucoup de naturel, de nous faire découvrir le contexte historique de l’époque, tant dans les domaines économiques (la concurrence impitoyable des riches marchands organisés en maisons) que sociaux (place mineure des femmes) et intellectuels (les techniques de dessin, la fabrication des peintures...). L’ouvrage est dense, intelligent de ce point de vue, et on pardonne aisément quelques excès sentimentaux à cette histoire à la Roméo et Juliette racontée par la touchante narratrice Giovanna. Les personnages s’apparentent à des types du récit amoureux : le père sévère mais aimant, la demoiselle innocente et passionnée, le jeune beau sans constance, l’accorte suivante complice, la tante figure de sagesse (c’est-à-dire d’accommodements avec la réalité), le mari patient… Les éléments s’emboîtent dans un apprentissage de la vie assez classique mais très agréable. Van Eyck, en jouant un rôle à part entière, non seulement peintre mais aussi puissant et espion, devient tout à fait vivant, et là est sans doute l’intérêt définitif d’une collection à suivre !
Sur le même thème, le livre est à comparer avec La Jeune Fille à la perle de Tracy Chevalier (Quai Voltaire, 2000) et La Fiancée à la robe verte d’Aubrey Flegg (Rageot, 2007).