Le lapin de neige

Deux petites filles blondes (deux sœurs ?) regardent la neige tomber depuis la fenêtre. L'une sort, l'autre pas : elle est en fauteuil roulant. Au milieu du jardin, la première récupère une boule de neige qui devient un joli lapin blanc. Elle le ramène à sa sœur, et elles veulent le faire sécher. Sur le radiateur, il dégouline (évidemment) d'eau ! Il est alors question de lui rendre sa liberté, comme s'il était vrai.

Les enfants sortent donc jusqu'au bois voisin. Elles posent le lapin par terre, mais voilà que le fauteuil roulant s'emmêle dans des branches. La deuxième fillette aide, mais ne parvient à rien. Pendant ce temps, les animaux curieux observent. Le lapin ne s'est pas éloigné. Mieux, il grossit, grossit, jusqu'à devenir une monture possible pour la jeune handicapée. Le retour à la maison se fait tranquillement.

La technique de Camille Garoche fait des merveilles dans la neige : des décors blancs superposés, des effets de flou de l'un à l'autre, des lumières soyeuses disposées justement. Comme dans Une rencontre, le rapport de l'enfant à l'animal (fût-il vrai ou inventé) tient le cœur de l'album. Il n'y a toujours pas de paroles car tout se ressent, d'autant que l'histoire peut être ici assez poignante. Et pourtant, je l'ai presque trouvée trop bavarde, peut-être parce que les petites filles étaient deux. Le fort effet de solitude induit par le paysage d'hiver, par les animaux muets dans la forêt, et par le style même de l'illustration, est contredit à travers l'amour fort qui fait interagir les héroïnes. Néanmoins, l'aspect fantastique se vit bien mieux en duo, rêve éveillé et futur souvenir vaporeux. Un album élégant et une très belle histoire.