Le livre rouge

Dans l’univers enneigé d’une grande ville aux immeubles géométriques, une petite fille marche vivement. Soudain, elle s’arrête. Etonnée par le coin rouge d’un livre qui surgit de la neige, elle s’en saisit et, riche de sa trouvaille, court vers l’école. Ce livre l’intrigue, elle l’ouvre et... le voyage commence !

Sur la page, que quadrillent peut-être la latitude et la longitude, surgit une île verte. Sur la plage de sable fin, un enfant marche. C’est un petit garçon. Il se penche pour attraper le coin d’un livre rouge. Il l’ouvre et regarde… la ville dans laquelle une petite fille regarde un livre où un garçon est sur une plage…

A cet instant où chacun regarde l’autre par livre interposé, tous deux se tournent vers le lecteur, interloqués. Ils (nous) sourient. La petite fille quitte alors la classe. Elle s’empare de tous les ballons d’un vendeur de rue et s’envole.

Dans son voyage, elle lâche le livre rouge qui tombe sur un quai. Le petit garçon est triste, mais voilà la fillette qui atterrit.

Etrange et attachant album que ce livre sans texte où la poésie des situations, la douceur des visages, des traits et des couleurs composent une ode à la lecture et à ses illusions. A quoi sert un livre demande l’auteure-illustratrice ? A rêver, rencontrer l’autre et soi-même, s’affranchir du réel. La surprise des deux protagonistes qui nous regardent comme étonnés de nous voir nous immiscer dans leur intimité est d’une grande beauté et suscite l’émotion. Le format carré joue sur le thème de la fenêtre, point de bascule entre l’intérieur et l’extérieur, le livre est une fenêtre sur l’imaginaire. La démonstration est belle, on souhaite qu’elle emporte l’adhésion de tous les rétifs.